C’est avec une grande émotion que j’ai appris le décès de Yoland Cazenove, cet immense artiste d’une infinie modestie qui façonnait ses chefs d’œuvre de céramique dans les lueurs de son four à bois de l’ancienne gare de Dry.
Yoland Cazenove était né dans le Lot et Garonne en 1914. Il avait appris la peinture à l’école des Beaux Arts de Toulouse, avait découvert Goya et Rembrandt et était devenu amoureux de l’art tout en exerçant le métier de cultivateur qu’il avait hérité de ses parents.
Après son mariage avec Gabrielle, institutrice du Loiret, il s’installe aux Choux et – fortement influencé par l’œuvre de Picasso – il se concentre désormais sur l’art de la céramique et construit son premier four dans la cour de l‘école publique de la commune. Puis, quand Gabrielle est mutée à Dry, il s’installe dans l’ancienne gare de cette commune où il construit un nouveau four, suivi de plusieurs autres.
C’est là que Yoland accomplit, des décennies durant, jusqu’à ces derniers jours, une œuvre considérable.
Sa culture est prodigieuse. Il trouve son inspiration dans tous les continents : en Italie, en Espagne, en Chine, au Japon, chez les précolombiens, en Océanie – jusqu’à cette technique du « raku » qui lui était si chère et qu’il magnifia au plus haut degré.
Yoland cuisait au bois. A 1200 ou 1300 degrés, parfois davantage. Il refusa toujours toute autre technique. Il cherchait inlassablement les terres, les sables de Loire, les roches, les cendres, le kaolin, les écorces, les feuillages, les teintes qui étaient la matière première et vivante dont il faisait son œuvre.
Il était en harmonie avec les forces et les beautés de la nature. Il y avait en lui une ferveur tellurique.
Il nous reste de très nombreuses pièces – plus de 1000 – qui constituent une œuvre impressionnante que nous n’avons pas fini de redécouvrir et d’admirer.
J’ajoute que Yoland était un humaniste. Je n’oublierai jamais son soutien de toujours, son amitié, sa bienveillance, son amour des êtres humains dont beaucoup pourront témoigner.
Il vécut dans la pauvreté, la simplicité et l’austérité. Ces vertus étaient sans doute le « terreau » qui lui permettait de se concentrer sur la grande lumière de sa création qui restitue et révèle les formes, les couleurs, les rutilements et les magies de l’univers. 
      
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