Jacques Debal a beaucoup œuvré pour faire connaître l’histoire d’Orléans.
Pour lui rendre hommage, je publie ci-dessous deux extraits de ses livres.
Le premier est extrait du tome III de son Histoire d’Orléans et de son terroir (éditions Horvath, page 192) et présente un court bilan – objectif et sans fioriture – de l’évolution d’Orléans au cours de la Troisième République.

debal1« Intra muros, les trois changements notables ont été l'édification des halles du Châtelet, dans les années 1880, le percement de la rue de la République, en 1900, et la construction du quartier des « Champs-Elysées » autour de 1930.
Sortant timidement de la ceinture des mails au lendemain de la défaite de 1871, le tissu urbain a gagné lentement les banlieues nord-ouest et nord-est. Si le quartier Coulmiers-Châteaudun est tracé vers 1875, celui de l'Argonne ne se développe qu'avant et après la Grande Guerre. Quant au Sud, « de l'autre côté de l'eau », il reste encore profondément horticole en 1940.
Au plan démographique, l'agglomération orléanaise a progressé très lentement, perdant sans cesse des rangs par rapport aux autres villes jadis comparables.
Dans la vie de la nation, le rôle orléanais a été modeste. En 1870, le miracle de 1429 ne s'est pas renouvelé, l'armée de la Loire n'a pu sauver la France. Pourtant c'est d'Orléans qu'est partie la volonté opiniâtre qui a fini par aboutir à la canonisation de sa libératrice.
A l'opposé, la ville n'a donné à la République radicale que deux leaders : Fernand Rabier, le champion de la lutte anticléricale, et, surtout, Jean Zay qui a laissé en trois ans une œuvre considérable à l'Education Nationale.
Pourtant, si la ville n'a pu échapper aux querelles idéologiques de son temps, l'esprit guêpin ne s'est jamais laissé submerger par la passion fanatique et, à Orléans, chacun a toujours su "limer sa cervelle à celle d'autrui". »


Le second extrait m’a particulièrement touché. Il s’agit des dernières lignes de son ouvrages en deux tomes, Orléans, une ville, une histoire (édition x-nova, tome 2, page 194).
« Si cette croissance continue, il est certain qu'il faudra faire porter l'effort sur les moyens de communications. Dans ce domaine, viennent de s'ouvrir deux grands chantiers : le tramway et le quatrième pont.
debal2Le tramway, souhaité par les uns, critiqué par les autres, va par sa première ligne relier La Source à Fleury-les-Aubrais, véritable colonne vertébrale de l'agglomération.
Le quatrième pont, ou « pont ouest », fait l'unanimité d'abord par son élégance, puis par le délestage qu'il va apporter à ses prédécesseurs.
Mais il est aussi un symbole. Au début du ler millénaire, il n'y a qu'un pont, « oppidum Cenabum pons fluminis Ligeris contingebat », celui dont César a été forcé de s'emparer pour franchir la Loire. Plusieurs ouvrages lui ont succédé dans les mêmes parages, jusqu'à ce que le XVIIIe siècle nous donne ce superbe pont Royal. Le XXe siècle va construire deux ouvrages : l'un à ses débuts, appelé pont Neuf, Nicolas II pendant la Grande Guerre, puis pont Joffre après, détruit en 1940 et reconstruit en 1958 ; l'autre plus récemment, qui, depuis 1979 conserve la mémoire de René Thinat.
Et le quatrième, cet arc arachnéen dû au talent de Santiago Calatrava; quel nom lui donnera-t-on ? En attendant on peut affirmer qu'il marquera une étape décisive dans l'histoire d'Orléans : le passage du IIe au IIIe millénaire. »

Jean-Pierre Sueur

.