Je garde le souvenir de ce jour où Xavier Darcos annonça au Sénat la suppression de l’école le samedi.
Que nos enfants aillent à l’école le mercredi matin plutôt que le samedi matin, m’est apparu absurde, insensé, c’est que ce ministre raie d’un trait de plume plusieurs heures d’enseignement par semaine et fasse de la France l’un des pays du monde où il y aurait le moins de jours d’école dans l’année.
Je me suis dit intérieurement ce jour-là qu’il faudrait bien du courage pour revenir en arrière. Nous y sommes !
C’est cette mesure-là qui concentrait les apprentissages sur quatre jours hebdomadaires et sur 140 jours dans l’année, qui était déraisonnable ! Il y eut peu de protestations – si l’on excepte celle d’Antoine Prost qui dénonça un « Munich pédagogique »1.
Le plus navrant fut que Xavier Darcos, devenu ensuite ministre du travail, vint nous expliquer doctement, toujours au Sénat, qu’il fallait que les parents travaillent le dimanche. Je lui demandais pourquoi il était bon que les parents travaillent le dimanche et néfaste que leurs enfants travaillent le samedi… Pas de réponse !
Un Premier ministre et un ministre courageux décident qu’il faut en finir avec cette organisation néfaste pour les élèves et pour l’enseignement qui consiste à concentrer tout le travail scolaire sur quatre jours hebdomadaires et 140 jours annuels.
Ils ont raison. Neuf demi-journées d’école, c’est mieux que quatre jours surchargés.
Ce qui est indispensable, c’est que nos enfants apprennent à lire, écrire, compter, acquièrent les connaissances fondamentales dans les meilleures conditions.
Cela pose, c’est vrai, des problèmes, comme toute réforme, tout changement. Un certain nombre de communes y sont aujourd’hui confrontées. Il faut en parler, continuer de dialoguer, trouver des solutions.
Mais n’oublions jamais l’essentiel. L’essentiel c’est que l’école assume pleinement sa mission, avec des enseignants dont je sais qu’ils aiment leur métier. L’essentiel est que nos jeunes travaillent, apprennent, réussissent.

Jean-Pierre Sueur

(1) Le Monde, 28 mai 2013

[Editorial du numéro 22 de la Lettre de Jean-Pierre Sueur]

 

.