PerrinDans un court essai qu’il vient de publier après de nombreux autres livres – romans, nouvelles, théâtre, poème – Jean-Pierre Perrin-Martin revient sur les « continuités et ruptures » qui ont marqué sa vie et présente son « aménagement mental actuel » après avoir exposé que celui-ci « a d’abord été agencé catholique et français. En 1956, la guerre d’Algérie me l’a irrémédiablement fêlé. Je m’en suis encore accommodé une dizaine d’années. Il a craqué. J’ai renvoyé mes papiers militaires, j’ai quitté le clergé, je suis devenu chauffeur-livreur, je me suis marié, je me suis engagé en politique ».
Le livre s’appelle « Faire société ». Le titre est, sinon un programme, du moins un projet, ou une espérance.
Il est publié aux éditions L’Harmattan.
Le premier chapitre s’intitule : « Où placer Dieu ? ». Jean-Pierre Perrin-Martin cite la parabole du Bon Samaritain et écrit : « Un Samaritain, ce pourrait être un Rom, un sans-papier, un méprisé » (p.14).
Le second chapitre porte sur les rapports entre « Nation et religion ». Jean-Pierre Perrin-Martin évoque « au milieu du vingtième siècle » (…) « une étonnante parenthèse d’Eglise de gauche : prêtres ouvriers, militants laïcs engagés, théologie de la libération… » (p. 30). Il évoque Guy-Marie Riobé : « Ses prises de position l’ont mis en porte-à-faux (…) Sa démission a été refusée. Il ne savait plus comment s’en sortir. En fatigue extrême, dépouillé de tout, il est parti au large en Méditerranée » (p. 30-31).
Le troisième chapitre parle de la politique. Il s’intitule « Front de gauche ». Jean-Pierre Perrin-Martin y présente son analyse, ses critiques, son réalisme aussi. Porter un projet n’est pas antagoniste de la constante nécessité de « limiter les dégâts ».
Je n’ai pas toujours été d’accord avec Jean-Pierre Perrin-Martin. Nous avons eu, et avons aussi, du moins je le pense, des points d’accord.
Je pense qu’il faut « entendre sa voix ». Mais je n’écris pas cela dans le sens où on dit : « Il faut de tout pour faire un monde ». Car c’est l’éternel discours conservateur et récupérateur, en vertu duquel on peut toujours considérer qu’« un peu de contestation ne fait pas de mal ».
Non. Je pense que ce livre et les précédents incitent à de vraies réflexions sur le sens du politique, les stratégies du changement, les ruptures nécessaires et les salutaires fidélités.

Jean-Pierre Sueur

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