C'est avec beaucoup d'émotion et de tristesse que j'ai appris le décès de Julie Sabiani. Brillante universitaire, enseignante exigeante, chercheuse érudite, Julie Sabiani a enseigné à l'université d'Orléans et a dirigé le Centre Charles-Péguy d'Orléans. Elle a joué un rôle essentiel dans la connaissance de l'œuvre de Péguy, au travers de multiples publications, mettant à jour des textes inédits, des écrits de jeunesse, de multiples correspondances – et aussi en étudiant de très près et en répertoriant les nombreux manuscrits conservés au Centre Péguy, en éditant des catalogues et en préparant de multiples expositions. Elle a établi le texte de « La ballade du cœur qui a tant battu », œuvre jusque-là totalement méconnue, et a été la première à l'analyser en profondeur. Avec Géraldi Leroy, elle a permis de connaître très précisément la vie littéraire, éditoriale et culturelle au tournant des XIXe et XXe siècles. Ses travaux ont aussi porté sur George Sand, Giono, sur d'autres auteurs encore... Elle travaillait inlassablement, avec toujours la même passion et la même rigueur.

On me permettra un mot plus personnel. Je tiens à lui exprimer ma reconnaissance pour avoir bien voulu écrire avec moi trois articles sur Péguy et Orléans, Péguy et la révolution, Péguy et les totalitarismes. J'ai pu, en ces circonstances, mesurer son attachement à « dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité » (comme écrivait Péguy), – avec tellement de scrupule et de ténacité ! Je n'oublie pas nos échanges, en ce lieu inspiré de la rue du Tabour qui abrite le Centre Péguy, sur la littérature, la politique, Orléans, tout ce qui nous tenait à cœur... et puis, le silence. Merci, Julie.

Jean-Pierre Sueur

Lire les trois articles évoqués ci-dessus, écrits conjointement, sur trois sujets qui restent pleinement d'actualité :
>> Péguy et Orléans
>> Péguy et la révolution
>> Péguy et les totalitarismes