Je veux d’abord féliciter chaleureusement Emmanuel Macron pour sa belle victoire.

J’en vois déjà qui font la « fine bouche » devant cette victoire.

Je ne suis pas de ceux-là.

En effet, c’était un pari, un défi, que de parvenir à une telle élection, avec l’appui d’un parti fondé il y a moins d’un an, contre toutes les habitudes du monde politique.

Ce pari a été gagné.

Et le succès d’Emmanuel Macron traduit à l’évidence une volonté d’un profond renouveau dans l’exercice de l’action politique.

Il traduit une volonté de « faire bouger les lignes. »

Et, pour ma part, je veux voir – et je vois – cela positivement.

Il faut toujours, dans une démocratie, écouter ce qu’expriment les électeurs !

Et puis, c’est un beau message envoyé au monde (les réactions sont innombrables) que l’élection d’un président jeune, ouvert aux questions internationales et profondément européen.

La large victoire d’Emmanuel Macron contre Marine Le Pen est une autre bonne nouvelle. Mais comme il l’a dit lui-même, le vote de nombre de nos concitoyens pour l’extrême droite traduit des colères et des détresses auxquelles seule une action publique efficace et juste pourra répondre.

La question de l’emploi, en particulier, reste devant nous, même si – je le redis – les mesures prises par François Hollande et ses gouvernements produisent et produiront des effets, et si l’action de François Hollande sera réévaluée dans l’histoire. À cet égard, je ne pense pas qu’il y aura « rupture », même si le nouveau président imprimera – ce qui est naturel – sa marque propre.

À la suite de cette belle victoire, rien ne serait pire que de se retrouver, dans six semaines, entraînés dans une cohabitation stérile et inefficace.

C’est pourquoi je plaide à nouveau pour la constitution, à la faveur des élections législatives, d’une majorité ample, cohérente et progressiste.

Une majorité progressiste, ce ne sera – bien entendu – pas une majorité conservatrice !

J’appelle donc de mes vœux un vaste rassemblement intégrant le mouvement « La République en marche », les socialistes qui se reconnaissent dans la « gauche de gouvernement », celle qui veut réformer – en laquelle je me reconnais moi-même –, les radicaux, les écologistes qui partagent la même volonté et les centristes ou gaullistes de progrès qui veulent eux aussi réformer la France, et ont donc choisi de rompre avec le programme droitier qui était notamment celui de François Fillon.

Une telle majorité sera diverse. Elle sera plurielle. Ce qui est, à mon avis, nécessaire si on veut qu’elle soit large. Elle devra être cohérente : il faut, à cet égard, tirer les leçons des dernières années. Cette cohérence sera la condition de son efficacité.

Et, bien sûr, elle sera progressiste.

Ce qui signifie pour moi qu’il faudra conjuguer le dynamisme économique, l’esprit d’initiative avec la solidarité et la justice, sans lesquelles il n’est pas de progrès.

Jean-Pierre Sueur