Mon ami Jean-Marie Muller, qui habite à Chanteau, dans notre Loiret, a consacré sa vie à travailler sur la non-violence. Il a rédigé sur ce thème une bonne trentaine d’ouvrages, au fil desquels il a constamment approfondi, développé et précisé sa réflexion.

On peut être d’accord ou non avec ses thèses. On peut les trouver irréalistes – même si Gandhi et Martin-Luther King ont fait preuve, en recourant à la non-violence, d’un puissant réalisme, qui s’est révélé être finalement d’une totale efficacité –, mais on ne peut méconnaître les analyses et les arguments des partisans de la non-violence, ni les écarter d’un revers de la main, comme cela été trop souvent fait, quand on a lu les ouvrages de Jean-Marie Muller. Et c’est le mérite de l’œuvre imposante que constitue la totalité des livres de Jean-Marie Muller.

Son dernier ouvrage confirme ces propos. Publié aux éditions du Relié, il s’intitule : La violence juste n’existe pas.

Jean-Marie Muller y revient sur nombre de déclarations émanant d’instances de l’Église catholique – et notamment d’écrits de différents papes – qu’il étudie de près et par rapport auxquels il apporte argumentations et réfutations. Il critique en particulier ce qu’il appelle la « théorie de la guerre juste » qui a conduit, en nombre de circonstances, les autorités religieuses à bénir des guerres dont les motivations leur paraissaient sinon justes, au moins justifiées et justifiables.

Jean-Marie Muller consacre différents chapitres à Tolstoï, Gandhi, Martin-Luther King, aux moines de Tibhirine et au « défi de l’arme nucléaire. »

Il insiste, tout au long du livre, sur un point, pour lui fondamental : ce qui est important, dirimant, ce n’est pas l’idéalisme de la non-violence, car « cet idéalisme s’avère en définitive incapable de penser le conflitet, par conséquent, de rechercher les moyens d’actions qui permettent de le résoudre pacifiquement. »

Non : pour lui, ce qui compte d’abord, ce qui est essentiel, ce sont les méthodes et les stratégies de la non-violence, qu’illustrent remarquablement les chapitres consacrés à Gandhi et à Martin-Luther King.

Voilà donc un livre qui donne à penser : ce n’est pas le moindre de ses mérites.

Jean-Pierre Sueur