La médiathèque d’Orléans a trente ans !

Trente ans, que cela passe vite !

Je me souviens – comme si c’était hier… – de la volonté qui fut la nôtre, celle de mon équipe municipale et de moi-même, de faire en sorte que tous les édifices culturels ne soient plus concentrés à proximité de la cathédrale.

La bibliothèque municipale était à l’étroit dans le magnifique Hôtel Dupanloup - que j'ai toujours aimé et qui a, c'est heureux, trouvé, avec l'université d'Orléans, de nouvelles vocations.

La nouvelle médiathèque serait donc sur les mails en lieu et place d'un Hôtel de Police qui, lui aussi, était devenu inadapté et qui devait émigrer vers le faubourg Saint-Jean, après que Michel Charasse, ministre du Budget de l'époque, nous eût fait payer le « juste » prix… selon lui… pour l'acquisition du bâtiment et surtout du site.

Il y eut également des discussions et procédures avec une pizzeria (devenue au fil du temps une annexe de l'Hôtel de Police…) et une famille voisine ! Ce lieu, j’avais perçu, avant même d'être maire, qu'il était stratégique. Il offrait une belle perspective sur les mails. Certains reprochèrent qu'il fût proche de l'immeuble voisin, qu’il soit en face de l'église Saint-Paterne. Ils annoncèrent que le bruit serait infernal : on voit aujourd'hui qu'un beau silence règne à tous les étages !

Nous avons surtout choisi de faire un concours d'architecture : j'aimais cette procédure, trop souvent en voie de disparition, qui permettait de confronter les projets, de parler (ce que l'anonymat ne permet plus) avec les différents concepteurs.

Et au terme d'une longue journée, le projet de Dominique Lyon et Patrice du Besset s'imposa à nous.

Je voulais que l'architecture du XXe siècle puisse être présente à Orléans avant que ce XXe siècle s'achève : c’en fut une belle occasion.

L'architecture très contemporaine du bâtiment fut d'abord incomprise ou décriée. Je me souviens avoir été quasiment « convoqué » par la Société historique et archéologique de l’Orléanais pour justifier un tel projet.

Je fis observer que, bien qu'il soit fait de matériaux contemporains, ce projet de Lyon et du Besset relevait d'une esthétique classique avec ses lignes, ses courbes, simples, épurées.

On me prédit qu'avec un tel projet je ne serais pas reconduit aux prochaines élections…lors desquelles mon équipe et moi-même obtinrent plus de 57% des suffrages…

Entre-temps, les orléanais s'étaient appropriés ce nouvel équipement. Les jeunes, bien sûr, mais aussi toutes les générations… Aujourd'hui, il fait partie du paysage. La médiathèque brille sous le soleil et s'illumine la nuit. Je crois pouvoir dire qu'elle fut, et qu'elle est, un succès.

Et je veux en cette occasion souligner l'action, l'appui, le soutien d'Augustin Cornu, adjoint à la culture, hélas disparu, qui sut croire et faire croire en ce projet et suivre de près sa réalisation.

J'ajoute que le choix d'implanter ce bâtiment en un lieu situé sur les mails allait de pair avec le projet qui était déjà le mien (et qui était, auparavant, celui de Michel de la Fournière) et qui consistait en un profond renouveau des mails.

Les mails furent un espace de convivialité et de rencontres dans le passé. Ils sont devenus une pseudo-autoroute !

Ce renouveau des mails concerne Orléans mais aussi toute l'agglomération, car les mails sont finalement l'axe central, principal de la métropole.

Mais comme le projet de renouveau coûtera cher, même si on étale sa réalisation dans le temps (son commencement était prévu dans mon programme pour les élections municipales de 2001 !), il faut qu'il soit un vrai renouveau, que l'on s'inspire des « Ramblas » de Barcelone, avec de larges espaces pour les piétons, la convivialité, la verdure, les deux roues, qui ne soient plus enserrés - et comme emprisonnés - entre de lourdes voies de circulation automobile.

L'enjeu est important ! Il est décisif pour les décennies et même le siècle qui viennent. Cela mérite un vaste débat et des projets novateurs !

Jean-Pierre Sueur