Une interview de Jean-Pierre Sueur par Elisabeth Chavelet - Paris Match - 26 septembre 2013
.Une interview de Jean-Pierre Sueur par Elisabeth Chavelet - Paris Match - 26 septembre 2013
.Dans un premier temps, et même s’ils sont profonds, la politique n’est pas la guerre. Les « instincts meurtriers » n’y ont aucune place. Nous devons le respect au président de la République. De telles paroles proférées à son égard sont extrêmement choquantes et contraires à la loi. Il est profondément inacceptable d’annoncer un désir de « tirer » sur les ministres.
Ces propos ne correspondent en rien à la manière dont je conçois la vie démocratique.
Je partage la position de tous ceux qui dénoncent ces paroles et qui s’inquiètent de voir une telle violence verbale se développer chez certains membres de l’opposition.
Jean-Pierre Sueur
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Je vous livre, sans commentaire, cet extrait du dernier livre de Franz-Olivier Giesbert, Derniers carnets, dans lequel il pose la question de savoir qui porte la responsabilité du niveau élevé – trop élevé ! – de la dette française, qui impose au gouvernement de Jean-Marc Ayrault des prendre des décisions qui n’ont pas été prises auparavant.
Jean-Pierre Sueur
"Je me suis amusé à établir un petit palmarès des « endetteurs », c'est -à -dire des pires fossoyeurs de nos finances publiques, en prenant comme critère le nombre de milliards empruntés. Si l'on met hors concours François Fillon qui n'a pas eu de marge de manœuvre, entre la crise financière de 2008, celle des dettes souveraines de 2011 et les pulsions incroyablement laxistes de Nicolas Sarkozy, on obtient les scores annuels suivants :
1. Édouard Balladur (1994-1995) : + 6,3 points d'endettement supplémentaire par rapport au PIB, avec 93 milliards d'endettement supplémentaire.
2. Jean-Pierre Raffarin (2002-2003): + 4,2 points et 92,9 milliards.
3. Pierre Bérégovoy (1992-1993): + 6,3 points et 75,3 milliards
4. Jean-Pierre Raffarin (2003-2004): + 1,9 point et 74,6 milliards.
Si on lit le tableau à l'envers, en commençant par le bas, c'est la surprise. On découvre que le Premier ministre le plus sérieux des dernières décennies n'était pas celui que l'on croyait :
1. Dominique de Villepin (2005-2006):- 2,7 points et 4,6 milliards.
2. Raymond Barre (1979-1980) : - 0,4 point et 9,4 milliards.
3. Raymond Barre (1980-1981): + 1,3 point et 17,4 milliards.
4. Lionel Jospin (1998-1999):- 0,6 point"
Gabriel Bergounioux, professeur de sciences du langage à l’Université d’Orléans, vient de publier un livre intitulé Mes nippes dans lequel il se livre, suivant d’illustres prédécesseurs, à une expérience littéraire qui pourrait paraître banale, mais ne l’est pas. Il s’agit, comme l’explique le texte publié sur la quatrième de couverture, de restituer « les lambeaux de langage qui nous traversent », les images mentales qui se succèdent en nous, se suivent, se bousculent, s’interposent, disparaissent pendant quelques minutes ou une heure de notre vie consciente. Quelques dizaines de pages permettent de rendre compte des « pensées éparpillées pendant quatre-vingt-dix minutes » (page 220). Et, s’agissant de la mémoire, Gabriel Bergounioux s’interroge sur les raisons pour lesquelles « j’ai vraiment eu devant moi, à tel instant, ce détail venu du passé et pas cet autre, ni plus ni moins important » (page 190).
On suit donc notre auteur dans ses pérégrinations, du campus d’Orléans La Source à la gare d’Orléans, on le suit dans la navette – disparue – qui mène aux Aubrais, à la gare d’Austerlitz, à Paris où sa marche et ce qu’il voit, pense, se remémore aussi, donne lieu à des relevés méthodiques. On oscille entre Antoine Roquentin « ballotant de mornes pensées », la phénoménologie, les « vies minuscules » et le Parti pris des choses. Les références sont constantes, nombreuses. Gabriel Bergounioux est un être pétri de langage et de littérature.
La littérature est toujours là, comme façonnée par l’effort et le scrupule introspectifs. Je pense à cette description de la gare d’Austerlitz « dans son décor Second-Empire de verrière sale et de porte boulonnée, de croisillons métalliques et de briques à chaînage, sous la lumière trouble que la saleté accumulée sur les vitres restituait » (page 50).
Je songe à cette description d’un site que les Orléanais reconnaîtront avec « sa cascade en faïence blanche et bleue au milieu des tours édifiées en carré et dévalant vers la Loire, avec ses bassins à sec remplis de canettes et de journaux » (page 113).
Je songe encore à l’évocation de la grève des éboueurs d’Orléans et du « hobereau de robe élevé sur la place qui a la responsabilité de ce dossier » et qui « se crispe à l’idée d’augmenter les salaires » (page 86) (et je ne cite pas toute la phrase !).
Mes nippes, un livre et aussi une expérience littéraire qui donnent à penser.
Jean-Pierre Sueur
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