Hommage officiel à Jeanne d'Arc - avec Ségolène ROYAL, ministre déléguée à la Famille

Madame la Ministre,

Au nom de tous les Orléanais et de leurs invités venus du monde entier, je vous souhaite la bienvenue à Orléans et je vous remercie très sincèrement de nous faire l'honneur de présider, cette année, nos fêtes.

Nous célébrons pour la 569ème fois, la libération de notre ville par Jeanne d'Arc. Une telle histoire et une telle fidélité nous autorisent à redire une fois encore que Jeanne d'Arc, qui est l'héroïne la plus populaire de l'histoire de France, appartient au peuple français tout entier, que nul n'est fondé à l'accaparer, surtout si c'est pour défendre des valeurs contraires à celles qui étaient les siennes.

Alors que cette ville était désabusée, désespérée, qu'elle ne croyait plus en elle-même, Jeanne a su lui redonner confiance, par la seule force de sa conviction. Comme l'a dit, ici-même, Régine Pernoud, la plus grande leçon qu'elle nous ait léguée est qu'il ne faut "jamais partir en vaincu" : "Elle sait qu'il n'est pas de situation si noire soit-elle, où n'existe quelque brèche dans le mur, quelque fente dans le rideau, où filtrera l'espoir".

Nos défis d'aujourd'hui sont différents de ceux d'alors.

La France est l'un des pays les plus riches du monde. Elle dispose assurément des ressources qui doivent lui permettre de lutter contre l'exclusion et pour l'emploi, et nous savons les efforts qui sont faits en ce sens.

Ces ressources doivent permettre la mobilisation sans précédent pour la politique de la ville qui est aujourd'hui tellement nécessaire afin que l'on évite que demain, plus encore qu'aujourd'hui, toutes les difficultés de la société se concentrent dans les mêmes quartiers qui seraient voués au chômage, à la misère, à l'insécurité, à l'économie parallèle de la drogue - en bref à l'exclusion et à la relégation. Il est possible, il est indispensable, de choisir une autre orientation et de retrouver dans toutes les villes et dans tous les quartiers de toutes les villes, un urbanisme de qualité, des logements de qualité, de meilleures conditions de vie, des services publics, davantage d'urbanité, de convivialité et de solidarité. Cela demandera des moyens. Mais ne rien faire aujourd'hui coûterait plus cher demain. Et pas seulement en termes financiers.

Ce que vous faites, Madame la ministre, pour améliorer la vie dans les établissements scolaires, pour mettre fin à toute forme de violence en leur sein, pour développer la santé scolaire, pour donner plus de moyens là où les difficultés sont les plus lourdes - tout cela est essentiel pour que notre école soit, pour chaque jeune, l'école de la réussite.

Dans cette ville d'Orléans, dans cette agglomération, nous nous battons pour le développement économique, pour l'université, la science, la recherche. Nous construisons équipements culturels et sportifs. Nous nous employons à nous développer dans le respect de la qualité de la vie, de l'environnement exceptionnel que constitue le Val de Loire. Ces questions, nous le savons, vous sont chères, puisque nous n'oublions pas l'action qui fut la vôtre au ministère de l'environnement.

Nous nous battons pour des projets qui nous permettront d'aborder l'an 2000 et le siècle prochain, qui est si proche, avec de nouveaux atouts. Tout projet d'envergure suscite des oppositions, des réticences et parfois de petits calculs. Tout cela, nous le savons et je le sais. Mais que serait aujourd'hui une ville sans projet, sans perspective, sans ambition ? Au cours de l'histoire, cette ville fut forte lorsqu'elle sut entreprendre. Elle s'affaiblit chaque fois qu'elle eut peur du progrès. N'ayons pas peur d'aller de l'avant. C'est ainsi que nous serons fidèles à ce qu'il y eut de meilleur dans notre longue histoire.

Mais revenons à ce qui nous réunit en ce jour : une jeune fille venue de Lorraine qui de toute son âme et de toute sa force voulait se battre pour le droit, une jeune fille de cette Lorraine que vous connaissez bien, chère Ségolène Royal, pour y avoir passé votre enfance, pour y avoir fait vos études, une jeune fille qui aimait la Meuse endormeuse et douce à (son) enfance, et qui a pourtant tout risqué pour tout sauver.

A l'heure des reniements et des compromis délétères, qui sont autant de compromissions avec des idées mortelles pour la République, il est mille fois justifié, en effet, de célébrer à Orléans Jeanne d'Arc, qui ne se serait jamais reconnue dans les appels à la haine qu'on lance aujourd'hui en se réclamant d'elle, parce qu'elle était d'abord, et qu'elle reste, l'héroïne de la fraternité.

Vive Orléans !
Vive la République !
Vive la France !

Thème : Jeanne d'Arc