Tribune de l'opposition municipale parue dans Orléans Mag n° 08 de mai 2003 Aujourd’hui, les neuf salles du nouveau multiplexe d’Orléans fonctionnent. Chacun s’en réjouit. Et je partage, bien sûr, la satisfaction générale !

Mais je n’oublie pas que pour en arriver là, il a fallu cinq ans de ténacité, de discussions, de négociations. Il a fallu « tenir bon » malgré les oppositions de toute sorte et les critiques nominatives que certains affichaient jusqu’à la porte de leurs cinémas.

Quel était l’enjeu ?

Si on avait laissé les choses se faire selon la pente naturelle, un certain nombre de salles de cinéma du centre ville auraient quitté la ville d’Orléans au bénéfice d’un ou de plusieurs multiplexes installés en périphérie. Il y a ainsi, en France, plusieurs villes qui ne comptent plus aucun cinéma dans leur centre ville.

La question qui nous est posée est de savoir quelle ville nous voulons.

Voulons-nous qu’après une part importante du commerce, les activités culturelles quittent les centre villes au bénéfice d’ « entrées de villes » où, le long des routes nationales, s’étendent indéfiniment des parallélépipèdes de tôles ondulées et des parkings ? Je sais que cela s’est beaucoup fait aux Etats-Unis où nombre de villes n’ont pratiquement plus de centre-ville. Mais, je préfère, pour ma part, la ville européenne lorsqu’elle sait garder son animation, sa vitalité, son « art de vivre ».

Soyons clairs : si on avait commencé par faire un multiplexe en périphérie, on n’en aurait jamais fait un au centre ville. Il fallait donc gagner cette bataille pour le centre-ville, ce qui est fait aujourd’hui.

Est-ce à dire que je serais hostile à la création de nouveaux équipements culturels dans les autres communes de l’agglomération ? Bien sûr que non. Et il y a la place pour un second multiplexe. Mais je propose que celui-ci soit inséré dans un vrai pôle urbain, avec un bel environnement, et non pas coincé le long d’une nationale entre deux rocades et deux parkings sans âme.

Les agglomérations sont comme des êtres vivants. Si le cœur s’atrophie, l’organisme va mal. C’est pourquoi il est bon, pour toute l’agglomération, que le centre ville d’Orléans soit animé. Mais notre agglomération a aussi besoin que ses vingt deux communes développent leur vitalité dans tous les domaines. Tout est question d’équilibre.

Un dernier mot. Le multiplexe est un élément dans un ensemble. Chacun voit bien maintenant qu’il y a dans la halle et sur la place attenante (et prévue dès l’origine) toute la place pour faire un beau marché de centre ville. Le commerce et la culture sont complémentaires. L’un et l’autre contribuent à l’animation de la ville. Ne les opposons pas ! Et si l’on pouvait venir de Saint-Marceau au marché et au cinéma par une belle passerelle sur la Loire, ce serait vraiment bien !