Avec son nouveau disque, Lila Tamazit nous fait, une fois encore, le cadeau de sa voix. Sa voix, c’est son art, sa forme d’expression, son rapport au monde et à la poésie. C’est son métier. C’est elle.
Lila nous offre chaque son en lui-même, pour lui-même, en ce qu’il porte, tout à la fois, de sensations, de sentiments et d’émotions.
Déjà, elle nous avait proposé des interprétations toutes personnelles de chansons de Serge Gainsbourg.
Aujourd’hui, elle s’attaque, si l’on peut dire, à une grande dame de la chanson militante, de la chanson qui n’a pas peur de se dire et de se vouloir engagée et qui est aussi une grande chanteuse de blues : Colette Magny.
Les treize titres qu’elle a retenus sont datés. Il y est question de la guerre du Vietnam ou de Cuba, de luttes ouvrières dans les années soixante ou soixante-dix, porteuses d’espoir, avant les désenchantements.
Ce sont des chansons-tracts, des cris de révolte, où se glissent aussi tendresse et dérision.
Elles nous disent :
« Aime vraiment, aime vraiment
Ton prochain comme toi-même.
C’est une vérité qu’on nous a transmise,
Mais elle n’a pas pris. »
Ou encore
« La machine nous enlace comme un boa. »
Ou encore :
« On couche avec les princesses
Par procuration
Dans les journaux à grand tirage. »
Ou encore :
« Je rase les murs, j’ai pas les papiers
Est-ce que j’ai encore le droit d’aimer ? »
Ou encore :
« La prison et le garrot tuent au pays de Goya. »
Ou encore…
Je pourrais citer d’autres extraits encore. Ils montreraient combien ces chants oubliés parlent de détresse et de combats, de la vie simple et difficile, des amours et des peines.
L’intérêt de cet album, c’est de nous les rappeler. Mais c’est surtout de vivre ces paroles habitées par la voix de Lila – ses modulations, son rythme, sa profondeur.
JPS
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