…Je me revois encore dans le bureau de Philippe Wahl, président du groupe La Poste, qui m’annonçait que le bâtiment des « Chèques » – je persiste, comme nombre d’habitants d’Orléans-La-Source, à l’appeler ainsi – étant obsolète, il ne serait ni rénové, ni reconstruit… Et, me disait-il, ses services trouveraient dans l’agglomération d’Orléans, ou plus loin, une « friche industrielle » juste bonne pour accueillir les mille – huit cents à ce jour – salariés des « Chèques postaux », devenus aujourd’hui les services financiers de La Poste. Philippe Wahl me faisait valoir que La Poste ne construisait plus, n’investissait plus dans l’immobilier et que, d’ailleurs, même le siège historique parisien du boulevard Vaugirard allait se déplacer vers des espaces de bureaux loués à Issy-les-Moulineaux – ce qui fut fait.
Je m’insurgeais et expliquais à Philippe Wahl que « Les Chèques » avaient, d’une certaine manière, donné naissance à La Source, qu’ils étaient indissociables de La Source, que d’ailleurs tous les Français connaissent La Source en leur qualité d’usagers des Chèques postaux, qu’il ne trouverait pas de friche industrielle qui conviendrait à proximité et que s’il fallait déménager du bâtiment historique construit par Louis Arretche – la « cathédrale laïque » de La Source dit l’un de mes amis -, la moindre des choses serait de construire un ou plusieurs bâtiments modernes adaptés à toutes les évolutions qui ont eu lieu depuis cinquante ans, à La Source ou à son immédiate proximité. L’entretien se termina sans que j’eus vraiment convaincu mon interlocuteur.
Et puis il y eut d’autres entretiens. Et d’autres rencontres et réunions de travail, avec Olivier Carré, puis Serge Grouard plus tard. Je le redis : dès qu’il s’agit de dossiers humains, économiques et industriels de cette importance, l’union entre les élus doit prévaloir sur les querelles !
Il apparut que nous avions eu raison. Aucune friche industrielle ne fut trouvée. En revanche, à la suite de toutes ces années de démarches, de négociations et de ténacité, La Poste décidait finalement – contrairement à sa nouvelle doctrine – de construire deux ensembles de bâtiments.
Le premier – qui comprendra trois bâtiments très modernes – ne sera pas à La Source même… mais à Olivet, à quelques dizaines de mètres de la limite entre Olivet et Orléans-La-Source, dans un cadre verdoyant et agréable. Et l’on doit remercier la municipalité d’Olivet pour sa totale coopération.
Le second, qui abritera les activités industrielles, sera construit dans la partie sud de La Source.
Voilà donc une histoire qui se termine bien. C’est ce que nous avons constaté lors du lancement de la construction du premier ensemble de bâtiments ce vendredi 1er octobre à Olivet.
J’ajoute que, de même que la première ligne de tramway dessert le site actuel des Chèques, il y aura un arrêt juste à côté de la nouvelle implantation des « services financiers de La Poste », comme si nos choix de l’époque étaient prémonitoires.
J’ajoute aussi que des questions restent posées. D’abord celle du devenir du bâtiment des « Chèques » s’il est décidé de le restaurer, ou de la vocation du foncier qu’il occupe (avec les parkings) s’il est décidé de le démolir. Ensuite, il faudra toujours être vigilant quant au nombre d’emplois qui seront accueillis sur les deux nouveaux sites. Enfin – et c’est lié – il y a la question du devenir de La Poste elle-même, à une époque où le nombre de lettres diminue très vite, même si le trafic des colis reste très conséquent et/ou de nouveaux services peuvent et doivent être apportés par la Poste et par la Banque postale, qui lui est liée. Cela appelle une réflexion, de la concertation – et pour moi, en dépit des mutations, ou plutôt pour mieux les préparer et les vivre, aujourd’hui comme hier, une vraie logique de service public.
Jean-Pierre Sueur