L’UFC-Que Choisir a soixante-dix ans. Pour célébrer cet anniversaire, elle a choisi de publier un livre contant son histoire, rédigé par Jean-Bernard Gallois, qui se lit (presque) comme un roman.
On apprend ainsi que l’Union fédérale de la consommation (UFC), créée au départ par le ministre de l’Économie, devenue bien vite association, et dont – est-ce une légende ? – Valéry Giscard d’Estaing aurait été le premier adhérent, a bien vite recherché à affirmer son indépendance à l’égard de tous les pouvoirs.
Si elle fut à l’origine épaulée par la puissante union des consommateurs belges, éditrice de la revue Test-Achats, elle s’en sépara bien plus tard, ce qui entraîna de lourds et difficiles contentieux.
Si elle était dans ses premières années une association très centralisée, les unions et associations régionales, départementales et locales y prirent peu à peu le pouvoir.
Si Que-Choisir ? était au début une publication confidentielle, s’il y eut même des tentatives pour dissocier le journal et l’UFC, cette revue monta en puissance – et en tirage – avec la publication de très nombreuses analyses comparatives, établies avec rigueur et que l’imposant réseau que constituaient les associations locales permettait de mettre en œuvre, grâce à la constante mobilisation de milliers d’adhérents bénévoles.
Si les gouvernements créèrent l’Institut national de la consommation (INC) pour, explicitement ou non, concurrencer l’UFC, celle-ci sut refuser – au fil de péripéties que le livre raconte – toute forme de récupération, ou d’atteinte à son indépendance.
En un mot, ce fut, en soixante-dix ans, un vrai combat pour l’information des consommateurs contre tous les lobbies, contre la puissance des marques et des distributeurs, au prix de nombre de contentieux.
Et ce combat, qui se continue, est très précieux. Il illustre combien le monde associatif peut contribuer à une vraie citoyenneté, dans le quotidien des existences, puisque nous sommes tous consommateurs et qu’à bien des égards il est important de consommer mieux – face à tous les défis de l’heure.
De fortes figures jalonnent l’histoire de l’UFC, du premier président, André Romieu, à Marie-José Nicoli, femme de grande conviction, respectée de tous, trop tôt disparue, jusqu’à Alain Bazot, infatigable président depuis 2003, profondément attaché, lui aussi, à l’indépendance de l’UFC-Que Choisir – et qui, de surcroît, connaît et aime notre département du Loiret.
… Et puisque l’auteur me fait l’honneur de citer mon engagement et mes propos lorsque dans les années soixante-dix j’étais, avec une poignée de militants, à l’origine du groupe local d’Orléans, qu’il me soit permis de mentionner ces jours où nous parcourions les supermarchés de l’époque et rédigions les premiers numéros d’une modeste revue ronéotypée qui s’appelait Consomm’action
Oui, le militantisme et le bénévolat de « terrain » sont infiniment précieux.
Jean-Pierre Sueur