Il faut remercier et féliciter les éditions Infimes pour avoir publié récemment sous le titre Des hectares de silence un « choix de poèmes » de Jean-Louis Béchu en une édition établie et préfacée par Alexandre Vigne.
Jean-Louis Béchu est né en 1918 à Fay-aux-Loges, il a vécu dans « La maison au bord du canal » (titre d’un de ses recueils de nouvelles), avant de passer « l’essentiel de sa vie de poète et d’écrivain » à Orléans, dont une partie rue Davoust, « dans le voisinage des tours gothiques de la cathédrale. » Il est mort en 1996, à Saran.
Entre romans, nouvelles, poésie, son œuvre est considérable. Ses nouvelles et romans témoignent d’un beau sens de l’écriture, mais ce sont surtout ses poèmes – une douzaine de recueils – qui étonnent et séduisent. Ce sont des vers courts, cursifs, qui décrivent la réalité sans fioritures, mais avec une sensible émotion. C’est ce mélange de réalisme, d’émotions et de sentiments qui constitue sa poésie. Il était reconnu par ses pairs. C’est ainsi qu’il a obtenu le prix François-Villon.
Mais voilà, ses recueils étaient devenus introuvables et cet authentique poète du Loiret resté méconnu jusqu’à ce que les éditions Infimes aient la riche idée de publier ce florilège, où l’on trouve des poèmes consacrés à « Paris-la-misère », aux usines (« Pour la conscience du métal » ; « L’acier, la rose »), au « Vin des rues », aux jardins, à Venise, aux voyages – et tant d’autres sources d’inspiration.
Je finirai en citant un seul poème – il faudrait en citer bien d’autres – intitulé « Écrire » :
Écrire pour ne pas oublier,
Ancrer l’éphémère
Avant de choir dans le grand brasier,
Dire et redire,
Les fruits de l’hiver
L’algèbre du temps
La vie quotidienne
Avec la pierre chaude
Les lézards au soleil
Dire le silence des collines,
Les saisons de l’âme,
Ou du corps,
Dire, redire,
Jusqu’au dernier souffle.
Ce poème est tout un programme… Ne vous privez pas de tous les autres. Ce livre ne coûte que dix euros. Il les vaut largement !
Jean-Pierre Sueur