L’horreur est tous les jours sur nos écrans. Poutine pilonne les populations civiles. Et chaque jour nous voyons les courageux Ukrainiens se battre contre l’horreur.
…Mais nous le savons : dans l’univers médiatique, une information chasse l’autre. Comme le disait Jacques Brel : « On n’oublie rien. On s’habitue. C’est tout. » Il ne faudrait pas s’habituer, s’accoutumer à l’horreur. Et finalement se résigner, alors que les Ukrainiens se battent avec leurs mains nues.
Il faut toujours, inlassablement, rester à leurs côtés, les aider, envoyer de l’argent ou des biens de consommation et de protection utiles, accueillir les réfugiés, soutenir ceux qui négocient envers et contre tout. Contre le cynisme d’abord. Et en dépit de lui.
Il nous faut aussi user pleinement de l’arme des contraintes économiques. C’est en cours.
Mais cette arme – il vaut mieux le savoir et le dire – n’est pas exempte de contreparties pour nous.
On le voit : le prix du pétrole s’envole ; les marchés des produits agricoles se déséquilibrent, suscitant l’angoisse de nos agriculteurs et, dans le domaine industriel, la raréfaction de nombre de ressources indispensables produit dès maintenant de lourdes conséquences.
Face à cela il faut tenir bon.
Il faut aussi se tourner vers les solutions alternatives au statu quo devenu impossible, qu’il s’agisse du nucléaire, de la diversification des approvisionnements et des énergies renouvelables. Sur ces dernières, Sophie Fay note, de manière prémonitoire, que « la guerre en Ukraine nous conduira à faire plus vite ce que le GIEC nous demande, rapport après rapport, depuis des années. »
Et comme les mesures indispensables pour faire face à la hausse du prix de l’essence en particulier, mais aussi d’autres produits, devront être prises, on ne pourra plus compter une nouvelle fois sur le « quoi qu’il en coûte » pour les financer.
La vérité est que notre dette va fortement augmenter et que, pour la financer, il n’y aura pas de « politique de Gribouille » possible.
Il est facile de dire et d’écrire qu’il n’y aura pas d’augmentation d’impôts.
Qu’il n’y en ait pas en dessous d’un certain niveau de revenu, ce serait, bien sûr, compréhensible et juste.
Mais ce serait une erreur que d’exonérer de l’effort fiscal nécessaire les revenus les plus élevés, les grandes fortunes et les profits parfois considérables perçus par les actionnaires d’un certain nombre de grandes entreprises.
Le courage de la solidarité devra être le corollaire du courage dont font preuve les Ukrainiens face à l’horreur.
Jean-Pierre Sueur