Immense metteur en scène, Peter Brook nous lègue une conception du théâtre qu’il a théorisée dans son livre L’espace vide, qu’il a défendue partout, et en particulier dans cette salle des « Bouffes du Nord », qu’il a sauvée de la démolition et dont il aimait « l’état brut ».
Sa leçon, elle est faite de force, de concentration, de dépouillement, de simplicité. Il aimait que le décor fût simple, ou, à la limite qu’il n’y eût pas de décor. Le théâtre, pour lui, c’était d’abord un texte, le texte d’un auteur qu’il s’employait à servir, et des acteurs, des hommes et des femmes vouées à servir, eux aussi, le texte.
Sa leçon, c’était – et c’est – le respect absolu du texte.
…Je voudrais tant que certaines et certains de nos actuels metteurs en scène l’entendent. Souvent, ils se glorifient d’ « adapter » le texte. Ils se prennent pour l’auteur. Leurs mises en scène pesantes écrasent tout. Des vidéos pléthoriques occupent la scène. Le décor, le bruit, les ustensiles divers prennent toute la place. L’auteur et son texte sont noyés, défigurés, sous le poids de ces mises en scènes vaniteuses…
Oui, puissions-nous entendre le message de Peter Brook !
Jean-Pierre Sueur