Patrice de La Tour du Pin a vécu dans le Loiret, au Bignon-Mirabeau. Il nous a laissé quatre volumes - publiés aux éditions Gallimard) d’une poésie dense, inspirée, qu’il faut prendre le temps de lire, de savourer, ligne après ligne.
Les éditions de l’Écluse avaient publié il y a quelques années un beau recueil de plusieurs de ses poèmes illustrés par son ami Jacques Ferrand sous le titre Lieux-dits.
Les éditions de l’Écluse récidivent – si je puis dire – en nous offrant un second recueil, toujours illustré par Jacques Ferrand qui, après Jean Lurçat, a su rejoindre en son travail de dessinateur et de peintre l’écriture forte parce qu’épurée de Patrice de La Tour du Pin. Ce second recueil s’intitule Le Pâtis de la création. Les animaux y tiennent une large place. Il y est question aussi des plantes. Mais c’est surtout un regard sur la nature et sur la vie que le poète nous offre.
 
Il écrit :
 
« Il suffit d’une nuit parfois
Pour que tout un pan de forêt
Avec son cœur soit remplacé
Par des maisons en longues files :
Il n’est plus ni bête ni bois
Mais la ville, et toujours la ville…
Et le poète n’y peut rien :
Il ne ranime pas les choses
Broyées dans la métamorphose
Désolées du petit matin. »
 
Il interroge :
 
« Où retrouver l’ombre animale
Et le beau secret forestier ? »
 
Et il affirme :
 
« Et la sagesse est de lire le signe
En le tournant au-delà de l’histoire
Vers des temps où la nuit descendait
Chaque jour au sein de la lumière. »
 
On le voit, ces quelques vers suffisent – du moins je le crois – pour inciter à lire davantage et à relire encore la poésie de Patrice de La Tour du Pin.
Jean-Pierre Sueur