L’ATAO : UN BEAU COMBAT POUR LA CULTURE !

Qu'il me soit permis d'abord, de remercier très chaleureusement Jean-Marie Caplanne et Alain Labrouche qui ont tenu la barre du navire ATAO ces dernières années, avec énergie, courage dévouement - et l’amour du théâtre !

Ces remerciements s'adressent, bien sûr également à toutes celles et ceux qui ont œuvré avec eux et à toutes celles et ceux qui, 53 ans durant, on fait vivre l’ATAO et ont partagé le même amour du théâtre - depuis que Marcel REGGUI a donné l'impulsion d'un renouveau à la culture à Orléans avec l’A PAC - Association Populaire d'Action Culturelle – l’ATAO comme les Semaines Musicales d'Orléans étant ensuite créées dans le même mouvement, je dirai le même souffle…

Ce furent donc 53 ans d'effort, de travail et surtout de passion, qui se sont traduits par 353 pièces de théâtre présentées, avec le souci constant - y compris pour ce qui est du prix des billets - que ces pièces soient accessibles à tous !

Les principes découlaient du même titre que l'association s'était donnée : le Théâtre d'Aujourd'hui. 

Il s'agissait de renouveler le théâtre par rapport aux conventions, aux formes académiques et surannées. J'ajoute - second principe - que l'on ne confondait pas le renouveau avec la contemporanéité ! Sophocle, Shakespeare, Molière, Marivaux, Hugo - et tant d'autres sont - peuvent être - terriblement actuels.

Et il était bon de les redécouvrir d'un « œil neuf ». Il était bon également de présenter le travail des écrivains et metteurs en scène contemporains. Les deux préoccupations ne s'excluaient pas. Elles se complétaient. Et puis il y a toujours eu cet autre principe déjà évoqué : l'ouverture à tous, la culture offerte à tous les publics et non cantonnée à ceux pour qui elle était « naturelle », elle allait de soi, dans la droite ligne du renouveau que fut la décentralisation théâtrale avec, notamment, la création des Centres Dramatiques Nationaux.

Mais il y avait aussi une éthique, qui a présidé aux choix qui ont été faits. Il fallait que les mises en scène pour actuelles et renouvelées qu'elles soient, fussent respectueuses du texte et de l'auteur. Trop de metteurs en scène, aujourd'hui, se prennent pour les auteurs. Le texte n'est plus pour eux qu'un prétexte à des prestations ou gesticulations souvent gratuites. Il y a là une dérive dans laquelle l’ATAO n'est jamais tombée… Et c'est encore une autre raison pour lui rendre hommage !

L’ATAO n'existe plus sous la forme que nous avons connue. Mais puissent son esprit, sa force, son originalité, son âme vivre et survivre autrement !

Lorsqu'elles sont aussi belles et fécondes, les lumières de la rampe ne s'éteignent pas ! 

Jean-Pierre Sueur