J'ai été invité à participer à la 28eme université d'été des urbanistes à Pau qui avait pour thème : Voisins, voisines : urbanisme des proximités.
Les éditions CFDU ont publié l'intégralité des interventions dans leur dernier ouvrage.
La décision du Conseil Français des Urbanistes de consacrer son université d'été de Pau au thème de « l'urbanisme des proximités » est, je le crois, judicieuse. Et pourtant, elle pourrait paraître paradoxale : dans l'opinion commune, l'urbanisme est perçu comme une discipline qui a trait à l'analyse, la création, la modification ou la restauration de secteurs urbains relativement amples, aux configurations d'ensemble, aux effets de structure. Mais justement, le thème « l'urbanisme des proximités » nous incite à rompre avec ces conceptions abstraites. L'urbanisme, comme l'architecture n’ont de sens que par rapport aux êtres humains qui habiteront, travailleront, se déplaceront, vivront… dans le bâti ou dans les espaces qui seront réalisés.
J'ai la chance d'habiter dans une ville nouvelle incluse dans la ville d'Orléans mais situé à une dizaine de kilomètres de la mairie et du centre-ville et appelée La Source. Celle-ci fut entièrement conçue, avec les élus de l'époque, il y a 65 ans, par un architecte et urbaniste, Louis Arretche. On n'a pas demandé l'avis des futurs habitants : il n'y en avait pas ! Le choix politique de faire une ville nouvelle - ou un nouveau quartier éloigné - a été pleinement assumé par le maire de l'époque, Roger Secrétain. La ville manquait de foncier. Elle était à l'étroit. Sans La Source, Orléans n'aurait sans doute jamais pu être la capitale de la région qui s'appelle aujourd'hui « Centre-Val de Loire ». Et cette création s'est traduite par l'arrivée d'une université, d'un campus scientifique (incluant le CNRS, le BRGM et l'INRA), du Centre des Chèques Postaux (et ses plus de 3 000 salariés !) et de nombreuses entreprises…
65 ans plus tard, nous mesurons ce que l'urbanisme de La Source eut de positif… et de négatif. Commençons par le négatif. Il y eut d'abord une stricte répartition de l'espace : d'un côté l'université, de l'autre la ville nouvelle. Au sein de celle-ci, d'un côté les logements sociaux, de l'autre les logements dits résidentiels - étrange appellation ! - et donc de nombreux pavillons. Les centres commerciaux ont été sous-dimensionnés, ce qui devait se traduire par l'arrivée à proximité, dans une commune voisine, de l'une de ces zones d' « entrée de ville » autour d'hypermarchés et de grandes surfaces dont on mesure aujourd'hui les défauts - nous y reviendrons - et dont la « rénovation » est loin d’être simple. Et comme c'était l'ère du tout automobile, La Source fut traversée par de très vastes voiries – deux fois deux voies - qu'il a fallu, en certains points, rétrécir : on ne se prive pas si facilement du concept de rue. Et il fut décidé qu'il y aurait parallèlement un vaste espace dévolu aux piétons : une dalle entre les immeubles… Or cette dalle, battue par les vents, fut peu fréquentée par lesdits piétons. Il fallut en partie la démolir et la reconfigurer. Pour résumer, un urbanisme d'une certaine époque qui, à bien des égards ne facilite pas la proximité, ni le voisinage - même si dans les immeubles comme dans les pavillons, il y a bien sûr des relations entre voisins. Lire la suite...