François Ascher, est l’un de ceux qui ont le plus œuvré pour nous aider à penser la ville et les villes d’aujourd’hui et de demain. Tous ses livres en portent témoignage. Il avait bien voulu accepter de faire partie du groupe d’experts que j’avais réuni pour préparer le rapport Demain la Ville, que nous avons remis au gouvernement en 1988. Sa contribution fut très précieuse. François Ascher avait été l’un des premiers à penser le « renouvellement urbain ». Il avait été l’un de ceux qui avaient bien montré que si la « politique de la ville » se concentrait sur les « quartiers difficiles », elle se traduirait par une stigmatisation accrue de ces derniers, et que si l’on voulait vraiment changer les choses, il fallait repenser les villes et les aires urbaines dans leur ensemble autour de nouvelles mixités et de fonctionnalités mieux partagées. Il avait été précurseur avec son livre La République contre la ville, dans lequel il mettait en évidence les contradictions entre nos structures institutionnelles et la prise en compte du fait urbain. Il avait encore été précurseur en pensant la ville par rapport à la mobilité, en décrivant l’appartenance d’un nombre accru de citoyens à plusieurs espaces urbains, en décrivant la « nouvelle modernité » de notre société. Prolifiques, sa réflexion et ses écrits s’étendaient à nombre de sujets au-delà de l’urbanisme. Mais, à vrai dire, pour lui, tout était lié et il n’imaginait pas un instant qu’on pût dissocier les questions urbaines, sociales et environnementales – pour se limiter à ses trois termes -, qui étaient pour lui clairement interdépendantes.
A l’heure où l’on cherche – à gauche en particulier – à renouveler la réflexion, il faut lire et relire l’œuvre de François Ascher. A rebours des poncifs et de la langue de bois, on y trouvera nombres d’analyses et de résolutions tournées vers l’avenir.
Merci François !
Jean-Pierre Sueur
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