Comment un jeune enfant pourrait-il résister le mercredi matin aux soixante spots publicitaires qui lui sont destinés ? Ce déferlement d’images vantant jouets et sodas colorés, vêtements et téléphones portables dernier cri atteint l’enfant de plein fouet. Pourquoi ce déferlement ? Parce que le matraquage publicitaire sur les jeunes enfants paie : l’enfant, prescripteur et futur consommateur, est devenu une cible privilégiée.
Les enfants regardent, en moyenne, la télévision plus de trois heures par jour. Son impact est considérable. Les publicités télévisées destinées aux jeunes enfants sont identifiées comme la cause directe du surpoids d’un cinquième d’entre eux. En juin 2008, vingt-trois sociétés savantes de pédiatrie, de cardiologie, d’épidémiologie et de nutrition avaient adressé une lettre ouverte à la ministre chargée de la Santé, lui demandant instamment la suppression de la publicité alimentaire sur tous les créneaux horaires durant lesquels les enfants sont présents devant la télévision. Pour ces professionnels, « les enjeux de santé publique sont majeurs et ne peuvent être balayés au seul profit des intérêts économiques des chaînes de télévision et des entreprises alimentaires. ». Or le gouvernement refuse, depuis des années, de prendre ce problème à bras le corps. Et les slogans du type « Évitez de grignoter entre les repas », « Attention aux aliments gras, salés ou sucrés » et « Bougez plus », n’ont en rien modifié les comportements alimentaires des enfants.
Les programmes destinés à la jeunesse, censés faire rire ou rêver, sont utilisés pour conditionner les jeunes esprits à enregistrer les spots publicitaires. Il s’agit, là aussi, de vendre « du temps de cerveau disponible » comme le disait Patrick Le Lay, alors président de TF1…
Pourtant des réponses existent. Ainsi en Suède, la loi interdit toutes les publicités destinées aux enfants de moins de douze ans sur les chaînes de télévision.
Nous demandons qu’un débat ait lieu à ce sujet au Parlement. Diverses législations peuvent être envisagées. Mais le statu quo est impossible, irresponsable et dangereux.
Il en va de la protection de nos enfants, devenus des proies sans défense. Il en va de la santé publique. Il en va aussi de l’avenir de nos sociétés industrielles gangrenées par la surconsommation… et invitées à mieux respecter l’environnement. Un autre débat ? Pas si sûr !

Marie-Christine BLANDIN est sénatrice (Verts) du Nord
Evelyne DIDIER est sénatrice (PCF) de la Meurthe-et-Moselle
Guy FISCHER est sénateur (PCF) du Rhône
Jean-Pierre GODEFROY est sénateur (PS)  de la Manche
Jacques MULLER est sénateur (Verts) est sénateur du Haut-Rhin
Jean-Pierre SUEUR est sénateur (PS) du Loiret

Texte paru dans les pages Rebonds de Libération du 4 novembre 2009

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