Remise de l'étandard Monseigneur,

Pour la première fois, j’ai l’honneur de vous remettre cet étendard conformément à une ancienne coutume.

Cet acte, partout ailleurs, paraîtrait singulier.

Mais Orléans est une ville d’exception, où l’on sait se souvenir qu’ici même, il y a cinq cent soixante dix ans, le destin bascula par la force et par la grâce et par la foi d’une femme qui, de tout son être, de toute sa ferveur et de toute sa volonté croyait au droit et en la justice.

Femme parmi les femmes, Jeanne était une humble bergère. Elle avait tous les signes et tous les symptômes et toutes les apparences de la fragilité.

Forte, elle fut pourtant – plus forte que les plus puissants.

Formidable leçon pour nos démocraties que celle-là : chaque être humain possède en lui-même la capacité d’inverser le cours des choses.

Chaque être humain, le plus faible, le plus pauvre, le moins bien considéré a quelque chose à nous dire, à nous apprendre, à nous apporter.

Chaque être humain a quelque chose d’unique et d’irremplaçable à apporter à l’humanité.

Telle est la conception républicaine de Jeanne d’Arc. Tel est le message que la République retient d’elle.

Pensons, en cette nuit lumineuse d’Orléans, à ceux qui souffrent au Kosowo. Accueillons les réfugiés. Disons avec force que la justice et le droit valent qu’on se batte pour eux.

Pensons aux Français qui sont engagés, une fois encore, dans un combat contre la dictature, contre le droit que s’arrogent les dictateurs de massacrer les peuples, et qui est une abomination, contre la purification ethnique. Pensons à eux et à leurs familles.

Et souhaitons ardemment que les efforts de la diplomatie permettent d’arriver – sur des bases justes – à l’arrêt des combats.

Monseigneur,

J’ai grand plaisir à saluer au nom des habitants d’Orléans les prélats qui vous accompagnent ce soir,
Monseigneur Albert ROUET, Evêque de Poitiers,
Monseigneur Paul BERTRAND, Evêque de Mende,
M. le Chanoine Dieter GEERLINS, représentant Monseigneur l'Evêque de Münster,
Monseigneur Lino REGAZZO, Archiprêtre de la cathédrale de Trévise, représentant Monseigneur l’Evêque de Trévise.
Avec eux, nous sommes rassemblés autour de cette humble bergère qui a su relever tous les défis avant d’être à son tour sujette à toutes les violences et qui est aussi le symbole de toutes les victimes innocentes, beaucoup trop nombreuses, hélas, en ce siècle qui s’achève.

Ce vingtième siècle fut celui de fabuleux progrès et d’extraordinaires avancées de la science et de la technologie. Il aura été aussi marqué, jusqu’à son terme, par les exterminations raciales et par les déportations.

Puisque nous avons ainsi connu le meilleur et le pire, j’émets, au seuil d’un nouveau millénaire, le voeu que nous ayons la sagesse de construire une Europe qui se dote des moyens de défendre efficacement, en toutes circonstances, les droits de chaque être humain contre toutes les déraisons, contre tous les abus de pouvoir, contre toutes les formes d’oppression.

Vive Jeanne d’Arc
Vive Orléans
Vive la France !

Thème : Jeanne d'Arc