Hommage officiel - Nicole FONTAINE, Présidente du Parlement européen Madame la Présidente du Parlement Européen,

Bienvenue à Orléans !

Au nom du conseil municipal, au nom de tous les Orléanais, avec les habitants du Loiret et de la région Centre, avec nos amis venus de toute l’Europe et du monde entier, je veux vous dire combien vous nous faites d’honneur en étant parmi nous à Orléans et combien nous vous sommes reconnaissants d’avoir bien voulu accepter de présider ces 571èmes fêtes johanniques.

Votre présence, ici, aujourd’hui, en ce 8 mai 2000, à Orléans, revêt une haute signification.

D’abord parce qu’il y a cinquante ans exactement, presque jour pour jour, Robert SCHUMANN avait l’audace, avec la complicité de Daniel MAYER et de René PLEVEN, tous deux anciens résistants, et avec le concours si actif de Jean MONNET, de lancer cet extraordinaire pari européen que vous célébrerez demain à Bruxelles.

C’était un pari, un défi, un idéal. Beaucoup de chemin a été fait en cinquante ans. Beaucoup de chemin reste à faire.

Votre présence, Madame la Présidente, a une haute signification parce que vous avez une haute idée de l’Europe. L’Europe, c’est une culture, c’est une manière d’être citoyens, c’est une manière de croire en la République, d’affirmer que le respect de chaque être humain est à la base de tout. L’Europe ne saurait se réduire à une monnaie. Elle ne saurait se réduire à un marché, même si le marché est, bien sûr, nécessaire. La monnaie unique n’a pas de sens sans politique économique commune, sans politique pour l’emploi, sans politique sociale. Cela, vous avez su le dire récemment avec force, avec autorité, avec conviction.

Madame la Présidente, vos paroles nous sont apparues profondément lucides lorsque, le 23 mars dernier, vous avez dénoncé à Lisbonne, devant le Conseil européen, les pratiques qui « au travers des délocalisations » se traduisent par « le dumping social » qui exploite « les disparités de nos législations sociales et fiscales respectives et qui, en faisant passer le profit maximal avant le sort des hommes et des femmes au travail, heurte leur conscience et provoque des drames autant collectifs que personnels ». Ce constat justifie l’ardeur avec laquelle vous défendez une Europe qui ne soit pas seulement « libre échangiste » mais qui prenne en compte les droits des salariés face aux « fusions sauvages d’entreprises », qui défende une économie au service des êtres humains – et non l’inverse –, ainsi que le droit à vivre dignement des hommes et des femmes du quart monde. « Ils se comptent aujourd’hui par milliers dans les pays de l’Union » avez-vous dit à Lisbonne, ajoutant que « leur nombre s’accroît ».

En un mot, l’Europe c’est pour vous, Madame la Présidente, d’abord des valeurs – des valeurs que vous avez défendues avec une fermeté très remarquée, et tellement nécessaire, lors de votre récent déplacement en Autriche.

Pour vous, et pour nous, l’Europe c’est aussi la paix. Et s’il est, bien sûr, considérable que l’Europe ait garanti la paix entre nos vieilles nations depuis plus d’un demi-siècle, nous savons aujourd’hui que, sauf à se renier, cette même Europe ne peut plus désormais tolérer que des peuples soient victimes de violence et de barbarie à quelques heures d’avion de Paris ou de Bruxelles.

Votre présence a, enfin, Madame la Présidente, une haute signification parce que ces fêtes de Jeanne d’Arc témoignent ici à Orléans, depuis 571 ans, d’une grande confiance dans les capacités des êtres humains.

Une femme venue d’ailleurs, profondément attachée au droit et à la justice, a su changer le cours des choses et le mouvement d’histoire.

Cette femme nous montre que chacune, que chacun peut être acteur de l’histoire.

Et peut-être ignorons-nous trop souvent aujourd’hui toutes celles et tous ceux qui ont, partout, tant à apporter à la société humaine.

Saurons-nous entendre, aujourd’hui et demain, ces voix inconnues et pourtant essentielles ?

La ville d’Orléans et l’agglomération d’Orléans ont fait, Madame la Présidente, le choix de s’inscrire pleinement dans la perspective européenne.

Nous avons choisi de dénommer « Pont de l’Europe » le nouvel ouvrage qui relie les rives de la Loire, fleuve sauvage, certes, mais aussi berceau de culture.

Nous venons d’accueillir « Archilab », grande manifestation internationale dédiée à l’architecture contemporaine. Nous réfléchissons à la ville, aux villes du futur. Les villes des cinquante dernières années ont été marquées par les grands ensembles, les grandes surfaces et le « tout automobile ». Ils nous faut inventer les villes du XXIème siècle. Il nous faut définir une nouvelle urbanité. Et cela doit être fait dans le pluralisme. Rien ne serait pire que l’extension au niveau de la planète d’un seul modèle urbain, uniforme, venu d’outre-Atlantique. En ce domaine aussi, l’Europe, berceau des cités, des villes animées et de la citoyenneté, a beaucoup à apporter au monde.

Nous avons choisi, à Orléans et dans l’agglomération d’Orléans, d’investir pour l’environnement, pour de nouveaux modes de transport, pour la formation, pour l’Université, pour la recherche, pour le lien entre les entreprises innovantes et la recherche. Nous voulons que notre Centre Hospitalier Régional voie ses relations avec l’université et la recherche renforcées et qu’il devienne, dès que possible, un Centre Hospitalier Universitaire. Le dossier du Synchrotron vient d’être heureusement rouvert. Nous sommes candidats et nous pensons que, dans ce dossier comme dans d’autres, il faut savoir concilier les réalités nationales et les perspectives européennes et qu’il faudra aussi que les choix soient faits dans le cadre de procédures objectives et transparentes.

Encore merci, Madame la Présidente, d’être avec nous en ce jour pour cette fête qui a toujours été placée, et qui doit toujours être placée à Orléans, sous le signe du rassemblement, de l’union et des valeurs qui font de Jeanne d’Arc l’héroïne la plus populaire de l’histoire de France – une héroïne qui appartient à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté –, Jeanne d’Arc, indissociablement « figure de victoire » et « figure de pitié » comme l’écrivait André Malraux, et qui nous permet de dire ensemble en ce jour :

Vive Orléans !
Vive la République !
Vive la France !
Et Vive l’Europe !

Le dicours de Nicole FONTAINE (format rtf - 42 k)

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Thème : Jeanne d'Arc