Remise de l'étendard
Monsieur l'administrateur diocésain,
Comment ne pas penser, en cette veillée du 7 mai 1998, à deux absents ?
Monseigneur PICANDET, tout d'abord, à qui j'eus le privilège de remettre à neuf reprises cet étendard. Sa voix chaleureuse nous manque ce soir. Je n'oublie pas qu'elle sut proclamer ici même, avec force, que tous les hommes, toutes les femmes, quelles que soient leur nationalité, leur race, leur civilisation, ont autant de titres à partager les valeurs dont Jeanne d'Arc se réclamait.
Nous déplorons aussi l'absence de Régine PERNOUD, fondatrice du Centre Jeanne d'Arc d'Orléans. Elle aussi restera présente en nos coeurs. Nous nous souvenons de sa venue ici le 8 mai 1994. Tout à la fois si fragile, si volontaire, si heureuse d'être là, elle suscita un véritable enthousiasme populaire.
Les propos qu'elle tint ce jour-là à Orléans résonnent singulièrement en ces jours où nous célébrons le 150ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage : "Au XVIIème siècle - nous dit-elle - on verra le roi Louis XIV dit "très chrétien", apposer sa signature, avec son ministre Colbert, sur l'acte de fondation d'une compagnie de traite des noirs, de ceux qui seront "exportés" comme une marchandise sur le Nouveau Continent, et, en dépit de la Déclaration des Droits de l'Homme, ce trafic ne sera interdit chez nous qu'en 1848. Il était décidément passé, ce temps de la chevalerie dont Jeanne fut sans doute la dernière incarnation, elle qui fut à la fois le Chevalier et la Dame."
Il me revient maintenant de souhaiter au nom des Orléanais la bienvenue aux prélats qui vous accompagnent et qui partagent ces fêtes avec nous :
Monseigneur Michel MOUTEL, Archevêque de Tours,
Monseigneur Clément GUILLON,
Evêque de Quimper,
Monseigneur Louis FLORIN,
Ancien conseiller ecclésiastique à l'Ambassade de France près du Saint-Siège,
Monsieur le Chanoine ALFERS, représentant Monseigneur l'Evêque de Münster.
Monsieur l'administrateur diocésain,
Puisque nous nous exprimons ce soir chacun dans l'ordre qui est le nôtre, je m'exprimerai cette fois encore comme le maire républicain d'une ville républicaine au coeur de la République Française.
Quelles que soient nos convictions, nous savons - et c'est ce qui nous rassemble ici ce soir- que cet étendard que je vous remets abrite en ses plis les valeurs fondamentales que sont le respect de chaque être humain, la nécessité de l'émancipation de chaque être humain, la soif de justice.
Et nous savons que Jeanne qui vivait à une autre époque et sous un autre régime eût assurément aimé les trois mots que j'ai plaisir à redire en cette nuit de mai, si lourde d'attentes et de ferveur : la liberté, l'égalité, la fraternité.
Thème : Jeanne d'Arc