Arts

  • Ce qui caractérise les trois compagnies qui cohabitent au Théâtre de l’Escabeau, à Briare, et qui s’unissent pour leurs spectacles d’été, c’est tout simplement – mais c’est essentiel ! – l’amour du théâtre. Nous en avons une nouvelle illustration cette année avec L’Alchimiste de Ben Jonson – auteur contemporain de Shakespeare – mis en scène avec brio par Stéphane Godefroy. Il y a encore deux représentations, les vendredi 10 et dimanche 11 septembre à 20 h 30.

    Jean-Pierre Sueur

     
  • Ce fut une joie que de retrouver ou de découvrir les œuvres de Bernard Foucher lors de l’exposition de la galerie la Tour Saint-Étienne à Orléans, largement conçue par son épouse, Marie-Odile Foucher. Cette exposition a en effet révélé toutes les facettes d’un artiste qui s’est exprimé sous de multiples formes : peinture, gravure, sculpture, livres d’artistes et j’y ajouterai le vitrail, bien qu’il ne fut pas présent dans cette exposition.
    Inspiré d’Hölderlin, le thème de cette exposition, « Habiter le monde », s’est d’abord révélé en des peintures se référant à des cités utopiques et à la recherche d’un dialogue entre nature et architecture.
    Les sculptures renvoient à d’autres dialogues, à des confrontations aussi, avec la matière, avec les matières, lisses ou rugueuses, sous leurs multiples formes.
    Les livres d’artistes sont encore des dialogues, avec Charles Péguy et sa « Nuit », avec Hélène Cadou et son « Outre bleu », avec Michel Lagrange.
    Il faudrait, donc, ajouter les vitraux qui, loin de l’expressionnisme facile, renvoient à des motifs spirituels, intimes – au partage. Je pense aux vitraux du monastère de Bouzy-la-forêt et à ceux de la chapelle Notre-Dame des Foyers, de la rue Porte Dunoise à Orléans, dont on peut regretter qu’elle soit si souvent fermée.
    Au total, Bernard Foucher était – et il reste pour nous – un artiste de l’intériorité.
     
     
     
     
     
     
     
      
    JPS
     
     
     
  • Je signale cet article sur Charles Péguy paru dans La République du Centre du 25 mars 2020

     
  • J’ai eu la chance de pouvoir aller à l’ultime séance au cours de laquelle étaient projetés au cinéma Saint-André-des-Arts à Paris le moyen métrage de Gaël Lépingle, Une jolie valléeet son court métrage, La nuit tombée.

    Ce fut un enchantement. La jolie vallée nous montre le « Chœur des Sittelles » évoluant dans son village de Burlats, près de Castres et nous offre une comédie musicale inspirée des Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas sur une musique de Julien Joubert. Comme l’écrit Télérama dans l’article dont on retrouvera le lien ci-dessous, c’est « drôle, vif, léger. » On pense, bien sûr, à Jacques Demy. Mais Gaël Lépingle apporte sa touche personnelle : une belle poésie de la vie quotidienne, l’art dans la vie.

    Le court-métrage La nuit tombée, plus énigmatique et mélancolique, nous offre des images d’Orléans tellement belles et si peu convenues qu’elles sont, pour moi, irrésistibles… Je conclus en reprenant le texte de Télérama : « Messieurs les distributeurs, un effort de curiosité s’impose… »

    JPS

    Lire :
  • Daniel Gélis nous avait habitués aux teintes bleues, éclatantes. Il m’a avoué qu’un séjour près de la Méditerranée l’avait beaucoup marqué. Mais, année après année, nous avons découvert, dans sa palette et sur ses toiles, bien d’autres teintes, bien d’autres thèmes – et toujours de nouvelles sources d’inspiration.

    C’est ainsi qu’un Gélis intime nous était révélé lors d’une récente exposition à la galerie Le Garage. Sa toute dernière exposition, à la galerie « L’Art ancien » à Orléans s’intitule sobrement « Sologne ». Daniel Gélis y investit cette fois son art, son style très personnel, son sens des formes et des teintes, dans un univers bien différent de ceux qui ont précédé, mais tout aussi séduisant : la Sologne, c’est le bleu des étangs, la magie des forêts restituées en un bel impressionnisme et le retour des teintes ocres, depuis les écorces des arbres jusqu’aux murs et aux toits des villages. Une nouvelle page dans le grand livre d’une œuvre toujours renouvelée.

    JPS

     

     
     
     
     
  • La République du Centre, 16 mai 2023

     
  • Secrétaire perpétuel de l’Académie française, Hélène Carrère d’Encausse a fait le 2 mars 2001 à Orléans l’éloge de Maurice Genevoix qui fut avant elle secrétaire perpétuel de l’Académie française, lors de l’inauguration du centre de conférences et de son auditorium.
  • À l’occasion de leur 113e salon, les Artistes Orléanais ont rendu hommage à plusieurs artistes récemment disparus.

    Nous reproduisons ci-dessous le texte que Jean-Pierre Sueur a écrit à leur demande sur Camille Murcia, texte qui figure dans le catalogue de ce 113e salon.

    >> Lire le texte

       

     

  • Mag'Centre, 19 mars 2023

  • Juliette Gréco avait un infini respect pour ses auteurs. Ses récitals obéissaient à un rituel. Avant chaque chanson elle disait : « C'est une chanson de… elle s'appelle… ». Elle n'y dérogea jamais sauf pour les trois ou quatre chansons, sur plus de sept cents, qu'elle écrivit.

    Elle se revendiquait comme interprète. Interprète, elle l'était assurément, mais plus encore. Car par une alchimie particulière qui tenait à sa voix grave, à son phrasé, à ses intonations allant de la gouaille à la tendresse en passant par la colère et l'amour, elle a fait que ces centaines de chansons, de poèmes, écrits par tant d'auteurs, si divers, finissent par constituer comme une œuvre unique, la sienne, une œuvre inimitable.

    Ils étaient nombreux, ses auteurs. Elle choisissait à l'instinct les chansons qu'elle retenait, ne reculant devant aucune difficulté. Ainsi accepta-t-elle immédiatement d'interpréter le texte « inchantable » (comme elle disait) qu’était venu lui apporter un jeune chanteur intimidé : c'était Le diable, de Jacques Brel.

    Il y eut Jean-Paul Sartre et la rue des Blancs-Manteaux, à elle dédiée, et puis Jacques Prévert, Raymond Queneau, François Mauriac, Aragon, Éluard, Marie Noël, Joseph Kosma, Robert Desnos, Pierre Mac-Orlan, Françoise Sagan, et puis, Béart, Aznavour, Ferré, Brassens, Brel, Gainsbourg, Fanon… et tellement d'autres… Impossible de les citer tous : ce serait un vrai dictionnaire…

    … Mais quels qu'ils fussent, Juliette servait les textes qu'elle avait choisis, savourant chaque mot, donnant à chaque syllabe une couleur particulière.

    Et puis sur scène, dans sa robe noire, elle jouait pleinement chaque phrase, en comédienne qu'elle était, surlignant chaque vers de mouvements subtils, ou plus démonstratifs, de ses blanches mains. Elle savait, elle voulait aller jusqu'au bout de la fatigue, jusqu’à la dernière chanson à laquelle, littéralement, elle ne pouvait ajouter aucune autre, par amour de son public.

    Elle a chanté la chanson la plus courte du répertoire, La fourmi de Robert Desnos et le long poème de Bernard Dimey, Le bestiaire de Paris.

    Elle n'a jamais caché ses convictions, se glorifiant d'avoir connu un insuccès total, un « bide » mémorable devant un public de droite – et plus– au Chili. L'un de ses meilleurs souvenirs de radio fut, lors de l'émission « À la croisée des chemins », l'interprétation qu'elle improvisa de la recette de cuisine parue le jour même dans France Soir. Cela s'appelle « Suprême de volaille aux crevettes ». Elle pouvait chanter tout, absolument tout, et donnait à tout cette marque inimitable qui n'appartenait qu’à elle.

    Elle nous offrit en 2012 un album complet consacré aux ponts de Paris. Il s'appelle Ça se traverse et c'est beau. Et c'est plus que beau en effet.

    Elle s'émerveillait de chanter pour la millième fois Le temps des cerises.

    Il y aurait tant et tant à dire et à écrire que j’arrête là, au risque de noircir encore des pages et des pages à sa mémoire, à sa mémoire si vivante – car ces sept cents chansons, c’est sûr, vivent et vivront !

    Merci, Juliette.

    Jean-Pierre Sueur

  • Ce fut un vrai plaisir pour des milliers de spectateurs que de découvrir avec La Tosca le huitième opéra monté au Zénith d’Orléans par la « Fabrique Opéra du Val de Loire », remarquablement interprété sous la baguette du si dynamique Clément Joubert, toujours animé, avec autant d’enthousiasme, du chaleureux désir de faire partager l’art lyrique à toutes et à tous. Que toute l’équipe, tous les interprètes, tous les participants à cette belle aventure soient aussi vivement remerciés.
    Outre la qualité du spectacle, il faut saluer le fait que près de 600 jeunes, lycéens, étudiants et apprentis, issus d’une quinzaine d’établissements, ont activement participé à cette production. Amener près de 600 jeunes à aimer l’opéra, c’est une remarquable démonstration qu’il n’est pas vrai que le théâtre lyrique soit inaccessible à nos jeunes. Non ! Il faut simplement savoir le leur faire aimer.
     
    Et si le lyrique reprenait sa place au Théâtre d’Orléans ?
    J’ajouterai qu’il est bien dommage que les représentations de la Fabrique Opéra soient le seul spectacle de théâtre lyrique (opéras, opérettes, comédies musicales) qu’il nous soit donné de voir à Orléans chaque année. Il fut un temps – c’était au vingtième siècle ! – où le lyrique tenait toute sa place dans ce qui s’appelait alors le théâtre municipal d’Orléans. Et si on y réfléchissait ? Et si la Scène Nationale, qui a accueilli un nouveau directeur, contribuait à ce renouveau ? Je sais bien que le lyrique coûte cher… Mais j’ajoute une nouvelle suggestion : et si les villes de la région (et peut-être d’au-delà), et leurs institutions culturelles, s’unissaient pour financer des créations et pour redonner en notre Val de Loire toute sa place au lyrique ?
    …En tout cas, la Fabrique Opéra aura ouvert le chemin ! 
    Jean-Pierre Sueur
     
  • Je tiens à saluer le remarquable travail accompli par Catherine Mourrain et toute l’équipe de l’association « Val de Lire » qui ont organisé le 34e Salon du livre de jeunesse de Beaugency.

    Je pense n’avoir pas beaucoup manqué d’inaugurations de ce salon qui s’est imposé, au fil des ans, comme un grand rendez-vous de la littérature pour la jeunesse.

    Lors de l’inauguration de cette 34édition, je me suis permis de plaider pour que chaque jeune soit aidé, incité à lire, à se concentrer pour lire, en mettant pour un temps – le temps de la lecture – de côté les portables, tablettes et ordinateurs… Et je ne sais pas pourquoi je me suis mis à dire et à répéter quelques beaux vers de notre poésie – des vers qu’il faut savoir goûter, savourer, aimer…

     

    Oui, c’est si précieux !

    Merci, de tout cœur, à tous les enseignants qui font aimer le livre et la lecture.

    Et merci, de tout cœur, aux élus de Beaugency et des communes voisines qui offrent à chaque enfant deux chèques de cinq euros pour acheter des livres.

    Ces élus font sans doute là l’un de leurs meilleurs investissements.

    JPS

  • Saluons l’exploit des bénévoles amoureux de cinéma qui, depuis vingt-cinq ans, font vivre à Château-Renard une salle d’art et d’essai d’à peine cent places, proposant les films les plus récents, et beaucoup d’autres, rénovant sans compter leur peine les locaux, inventant nombre d’évènements culturels de qualité et démontrant que la culture peut être vivace dans le monde rural comme partout. Ce fut un plaisir de célébrer le 25e anniversaire du Voxlors d’une fête chaleureuse, ce samedi 13 avril, animée tambour battant par Sandrine Manteau.

    JPS

  • Merci à Sophie Todescato (ci-contre avec Jean-Louis Pierre) qui a bien voulu célébrer, ce mardi 30 mai, dans la librairie « Les temps modernes » à Orléans, le dixième anniversaire des éditions « La guêpine ».
    Celles-ci, créées en 2013 par Jean-Louis Pierre, à Loches, peuvent se prévaloir aujourd’hui de l’édition de 41 ouvrages sous deux formats – La guêpine et « La petite guêpine » – de haute qualité, tant pour ce qui est de leur conception que des choix éditoriaux.
    La conception : elle est artisanale, les papiers sont beaux, l’impression soignée – et il faut même découper les livres, comme on le faisait naguère, puisqu'ils ne sont pas massicotés, ce qui à mon sens ajoute au désir de lire et au plaisir de la lecture…
    Les choix éditoriaux : Jean-Louis Pierre est un amoureux de la littérature, d’abord spécialiste de Ramuz (on lui doit la publication de nombreux inédits), qui a le don de dénicher des textes inconnus ou méconnus. En bref, en cette Touraine, berceau de l’humanisme, c’est avec joie que l’on découvre chaque année des textes qu’il aura sélectionnés pour notre bonheur. J’ajouterai que Jean-Louis Pierre m’a donné la chance de préfacer un article méconnu de Jean Jaurès sur Étienne Dolet : « Le martyre d’un libre-penseur », et récemment, un texte également très méconnu et pourtant fabuleux, de Charles Péguy sur « La Loire ». Christian Massas (photo ci-dessous) nous a fait l’amitié d’en lire des passages lors de l’anniversaire du 30 mai.
    JPS
     
     
     
  • Avec son nouveau disque, Lila Tamazit nous fait, une fois encore, le cadeau de sa voix. Sa voix, c’est son art, sa forme d’expression, son rapport au monde et à la poésie. C’est son métier. C’est elle.
    Lila nous offre chaque son en lui-même, pour lui-même, en ce qu’il porte, tout à la fois, de sensations, de sentiments et d’émotions.
    Déjà, elle nous avait proposé des interprétations toutes personnelles de chansons de Serge Gainsbourg.
    Aujourd’hui, elle s’attaque, si l’on peut dire, à une grande dame de la chanson militante, de la chanson qui n’a pas peur de se dire et de se vouloir engagée et qui est aussi une grande chanteuse de blues : Colette Magny.
    Les treize titres qu’elle a retenus sont datés. Il y est question de la guerre du Vietnam ou de Cuba, de luttes ouvrières dans les années soixante ou soixante-dix, porteuses d’espoir, avant les désenchantements.
    Ce sont des chansons-tracts, des cris de révolte, où se glissent aussi tendresse et dérision.
    Elles nous disent :
    « Aime vraiment, aime vraiment
    Ton prochain comme toi-même.
    C’est une vérité qu’on nous a transmise,
    Mais elle n’a pas pris. »
    Ou encore
    « La machine nous enlace comme un boa. »
    Ou encore :
    « On couche avec les princesses
    Par procuration
    Dans les journaux à grand tirage. »
    Ou encore :
    « Je rase les murs, j’ai pas les papiers
    Est-ce que j’ai encore le droit d’aimer ? »
    Ou encore :
    « La prison et le garrot tuent au pays de Goya. »
    Ou encore…
    Je pourrais citer d’autres extraits encore. Ils montreraient combien ces chants oubliés parlent de détresse et de combats, de la vie simple et difficile, des amours et des peines.
    L’intérêt de cet album, c’est de nous les rappeler. Mais c’est surtout de vivre ces paroles habitées par la voix de Lila – ses modulations, son rythme, sa profondeur.
    JPS

     

  • Ce fut un plaisir pour moi de participer à deux salons du livre destinés à la jeunesse, le salon « Livrami » à Dadonville (photo ci-desous à droite) le 18 mars et le salon de Beaugency (photo ci-contre à gauche) organisé par « Val de lire » le 31 mars. Dans les deux cas, beaucoup d'enthousiasme ! Et un objectif que je partage tellement : inciter, habituer nos enfants, nos jeunes, à lire. Leur dire que les livres sont des amis précieux. Il est des amis fidèles, et d'autres infidèles. Les livres sont fidèles : ils nous permettent de communiquer avec des auteurs vivants ou disparus depuis longtemps, mais qui, par la magie du livre, vivent et revivent.
    Qu’on m’entende bien : je sais que les IPhones et iPads ont pris une place considérable, que nos adolescents y sont souvent « scotchés ». Il ne s'agit pas de refuser la modernité. C'est d'ailleurs illusoire. Et puis les moyens numériques permettent aussi de fabuleux progrès pour la connaissance, la science, la communication.
    Non : il faut en revenir à Victor Hugo et à son texte célèbre dans Notre-Dame de Paris intitulé « ceci tuera cela ». Il exprime la crainte que l'arrivée de l'imprimerie, et donc de la presse et du livre, ne tue la culture préexistante, et donc les livres de pierre que sont les cathédrales. Mais cela ne s'est pas produit. La sculpture a subsisté. De même que la télévision n'a pas tué la radio. Et que, comme je le disais samedi dernier lors de l'inauguration du salon du Photo-ciné-club orléanais qui fête ses 130 ans (c'est ouvert toute la semaine) le cinéma n'a pas tué la photo. Et de la même manière, le numérique ne tuera pas le livre.
    Ainsi l'usager du numérique que nous sommes tous et toutes peut rester et restera amoureux du livre et des livres.
    Ces livres qui sont des objets singuliers, mystérieux, attachants, familiers, qui sont une part inégalable de notre culture – et de nous-mêmes.
    JPS
  • À tous les passionnés de l’œuvre de Max Jacob – qui repose au cimetière de Saint-Benoît-sur-Loire –, je signale le très riche dernier numéro des Cahiers Max Jacob (760 pages) dirigé par Patricia Sustrac et Alexander Dickow, consacré à « Max Jacob et la Bretagne ».
     
     
     
     
     
     
    JPS
     
  • Anne Sylvestre nous laisse près de trois cents chansons, sans compter lesFabulettes (vingt CD), et quand on s’aventure dans son œuvre considérable, en feuilletant le catalogue des EPM (ou en regardant le site Internet), on retrouve nombre de chansons connues, reconnues, et on lit les titres de tant d’autres qu’il nous reste à découvrir. Depuis le cabaret deLa Colombe jusqu’à ces derniers mois, Anne Sylvestre n’a jamais cessé d’écrire, de créer, de chanter : trois mille spectacles, soixante ans de chansons. Durant ses récitals, elle était là, proche de nous. Elle l’est encore.« Y a-t-il une vie après le théâtre ? » demande-t-elle dans l’un de ses textes : quand elle était sur scène, elle était entière, simple, directe. Qu’importe si le nombre de musiciens était réduit – il n’y en eut parfois qu’un seul –, son public l’aimait. Ce public, il s’est d’ailleurs renouvelé, de génération en génération, avec les nombreuxRescapés des fabulettes pour reprendre le titre de la seule chanson pour « adultes » où elle évoque son autre répertoire.

    Anne Sylvestre ne voulut jamais être une « chanteuse engagée » (elle l’a dit, ou plutôt elle l’a chanté) Elle a été, et elle reste, une chanteuse à fleur de vie, riche de tant d’observations, de constats tristes ou beaux, de révoltes et d’interrogations. Et c’est tellement plus fort !

    Je ne prendrai que quelques exemples… Il y a dans son œuvre l’amour bien sûr, l’amour sublime de Lazare et Cécile, l’amour intermittent, qu’elle magnifie dans Belles parenthèses, et l’amour en rade (Ah, l’amour, l’amour). Il y a l’amitié (Les amis d’autrefois). Il y a la dureté des relations entre les êtres (Maryvonne), la grande humanité aussi (J’aime les gens qui doutent). Il y a la guerre d’Algérie (Mon mari est parti), le patrimoine (Les cathédrales). Il y a le féminisme, bien sûr, un mot auquel elle est toujours restée fidèle (Une sorcière comme les autres, Clémence en vacances, Mon mystère, Juste une femme). Il y a le combat pour l’intervention volontaire de grossesse (Non, tu n’as pas de nom), celui pour le mariage de personnes du même sexe (Gay, marions-nous). Il y a les sujets sociaux et les malheurs de ses amis artistes (La java des assédiques). Il y a le Québec (Dis-moi Pauline). Il y a l’écologie (Un bateau mais demain, Le lac Saint-Sébastien). Et la réponse aux caricatures d’une chanteuse prétendument ruraliste (Les pierres dans mon jardin). Il y a la fin du monde (Le jour où ça craquera). Et la drôlerie, une drôlerie pleine d’esprit (liste non exhaustive : Les punaises, Lettre ouverte à Élise, La reine du créneau, Petit bonhomme – à ranger dans la rubrique « féminisme » aussi ! –, Les blondes, Trop tard pour être une star, Parti partout, etc.)

    J’arrête… car je pourrai continuer encore, tant Anne Sylvestre a beaucoup dit et chanté. Je finirai par un vœu sincère : que paraisse bientôt une intégrale de son œuvre. Ce serait un bonheur !

    JPS

  • Une très forte exposition des œuvres de Jean Anguera vient d’ouvrir à Saint-Pierre le Puellier. Ne la manquez pas ! Jean Anguera, qui vit dans le Loiret, à Givraines, et qui est membre de l’Académie des Beaux-Arts, est un sculpteur et dessinateur très inspiré. Il dit : « Nous sommes traversés par le paysage autant que nous le traversons. »Avec lui, la plaine de Beauce « peu à peu, sans bruit […] est entrée dans la sculpture. »
    JPS
       
     
  • Il faut remercier Josiane Guibert qui, par sa conférence du 25 mars, fruit de mois de recherches et de travaux, nous a permis de découvrir une poétesse oubliée – du moins pour beaucoup –, Pascale Olivier, qui, originaire du Tarn, où sa mémoire est restée plus vivante que dans le Loiret, a vécu la plus grande partie de sa vie au château de l’Étang à Châteauneuf-sur-Loire.
    Pascale Olivier, dont la vie s’étale de 1896 à 1979, était infirmière. Élève de l’école d’infirmières de la Croix-Rouge, elle exerça sa profession – un vrai sacerdoce – durant les deux guerres mondiales. Elle fut ensuite vice-présidente du Conseil départemental de la Croix-Rouge du Loiret. Elle fut aussi la première femme à siéger au sein du conseil municipal de Châteauneuf-sur-Loire, alors que Claude Lemaître était maire. Elle y siégea durant trois mandats.
    Cette femme généreuse, engagée, était aussi amoureuse de la poésie. Elle publia plusieurs recueils en « vers libres » – de la prose poétique aussi – inspirés par la « montagne 
    noire » du Tarn de son enfance aussi bien que par la forêt d’Orléans, mais aussi par la vie, ses souffrances et ses bonheurs.
    Josiane Guibert aura montré le chemin. Mais beaucoup reste à faire pour connaître, comprendre et lire les poèmes de Pascale Olivier et, simplement, se laisser guider, emporter par eux
    À titre d’illustration, je reproduis ci-dessous quatre poèmes qui se suivent dans la seconde partie intitulée « Heures d’ombre, 1940-1945 » – qu’il faut replacer dans le climat, les peurs et les espoirs de ces années – du recueil « Un chant sur la terre » publié aux éditions du Divan en 1951.
    Jean-Pierre Sueur