

Le vote récent des élus de la Métropole a pour conséquence que le projet des mails - si important pour le siècle qui vient - pourra et devra être revu. J’ai fait une contre-proposition (inspirée par les travaux de Michel de la Fournière) que j’ai présentée dans les articles précédemment publiés dans la République du Centre, dans MagCentre et sur ce site. J’en ai longuement fait part aux commissaires enquêteurs, qui ont soumis mon projet à la Métropole, dont la réponse figure dans le rapport. Je ne sais qui l’a rédigée, mais elle est aberrante. Je reviens là dessus pour que les choses soient claires et qu’on ne laisse pas des contre-vérités prospérer :
1)- Il est dit que ma proposition (déplacement d’une partie des voiries au centre, 26m de convivialité et de verdure de chaque côté) a été écartée « dès le stade des études préliminaires ». Or je n’ai pas vu, et je ne sais pas si quelqu’un a vu, le début du commencement de ces études préliminaires !
2)- Il est écrit que « par respect du patrimoine » les voiries doivent rester la où elles sont. C’est aberrant : la circulation, il y a 100 ans, c’était 5% de ce qu’elle est aujourd’hui (au mieux) !
3)- Il est écrit qu’en déplaçant les voiries, nous serions sur le site archéologique des remparts. Pas de chance, les remparts étaient ailleurs !
4)- Il est affirmé que le parti retenu doit être le même sur le boulevard Jean Jaurès et le boulevard Rocheplatte. Sinon, ce ne serait pas « acceptable ». Je ne vois vraiment pas pourquoi. Je refuse le dogmatisme. Je plaide pour des adaptations aux différents sites.
5)- Il est affirmé que mon projet porterait atteinte à 107 arbres (ce que je conteste pour la raison précédente). Or le projet présenté à l’enquête publique porte atteinte à 142 arbres.
6)- Il n’y a aucune réponse sur la critique du débouché de la rue de la République sur un flot de voitures en surface.
7)- Il est invoqué contre mon projet la lettre de la ZPPAUP selon laquelle « l’aménagement des espaces devra tendre à supprimer l’ensemble des éléments de type routier et à leur redonner leur urbanité ». C’est exactement ce que je propose.
Conclusion : Je redis qu’on ne peut vraiment pas considérer que le projet présenté et refusé par une majorité d’élus est « indiscutablement » d’intérêt public. Et je suis disponible pour réfléchir et travailler sur un autre (ou d’autres) projet(s).
JPS
La tribune que j'ai cosignée avec l'ONG Transparency International est parus dans Le Monde de ce mardi 13 mai.
Prisons. 132% : il n’y a jamais eu en France une telle surpopulation dans les prisons. Plus de 3000 détenus dorment sur des matelas sur le sol dans des cellules de 9 m2, où s’entassent trois personnes. Comment préparer les détenus à leur réinsertion dans ces conditions ?
La régulation carcérale est une nécessité. Je n’ai cessé de le dire au Sénat. Dominique Simonnot, Contrôleure des lieux de privation de liberté, ne cesse de le dire et propose des solutions concrètes. Mais on ne veut pas l’écouter.
A-t-on oublié que Robert Badinter disait, alors qu’on n’avait pas atteint ces chiffres de surpopulation, que la condition pénitentiaire était la principale cause de la récidive ?
J'ai été invité à participer à la 28eme université d'été des urbanistes à Pau qui avait pour thème : Voisins, voisines : urbanisme des proximités.
Les éditions CFDU ont publié l'intégralité des interventions dans leur dernier ouvrage.
La décision du Conseil Français des Urbanistes de consacrer son université d'été de Pau au thème de « l'urbanisme des proximités » est, je le crois, judicieuse. Et pourtant, elle pourrait paraître paradoxale : dans l'opinion commune, l'urbanisme est perçu comme une discipline qui a trait à l'analyse, la création, la modification ou la restauration de secteurs urbains relativement amples, aux configurations d'ensemble, aux effets de structure. Mais justement, le thème « l'urbanisme des proximités » nous incite à rompre avec ces conceptions abstraites. L'urbanisme, comme l'architecture n’ont de sens que par rapport aux êtres humains qui habiteront, travailleront, se déplaceront, vivront… dans le bâti ou dans les espaces qui seront réalisés.
J'ai la chance d'habiter dans une ville nouvelle incluse dans la ville d'Orléans mais situé à une dizaine de kilomètres de la mairie et du centre-ville et appelée La Source. Celle-ci fut entièrement conçue, avec les élus de l'époque, il y a 65 ans, par un architecte et urbaniste, Louis Arretche. On n'a pas demandé l'avis des futurs habitants : il n'y en avait pas ! Le choix politique de faire une ville nouvelle - ou un nouveau quartier éloigné - a été pleinement assumé par le maire de l'époque, Roger Secrétain. La ville manquait de foncier. Elle était à l'étroit. Sans La Source, Orléans n'aurait sans doute jamais pu être la capitale de la région qui s'appelle aujourd'hui « Centre-Val de Loire ». Et cette création s'est traduite par l'arrivée d'une université, d'un campus scientifique (incluant le CNRS, le BRGM et l'INRA), du Centre des Chèques Postaux (et ses plus de 3 000 salariés !) et de nombreuses entreprises…
65 ans plus tard, nous mesurons ce que l'urbanisme de La Source eut de positif… et de négatif. Commençons par le négatif. Il y eut d'abord une stricte répartition de l'espace : d'un côté l'université, de l'autre la ville nouvelle. Au sein de celle-ci, d'un côté les logements sociaux, de l'autre les logements dits résidentiels - étrange appellation ! - et donc de nombreux pavillons. Les centres commerciaux ont été sous-dimensionnés, ce qui devait se traduire par l'arrivée à proximité, dans une commune voisine, de l'une de ces zones d' « entrée de ville » autour d'hypermarchés et de grandes surfaces dont on mesure aujourd'hui les défauts - nous y reviendrons - et dont la « rénovation » est loin d’être simple. Et comme c'était l'ère du tout automobile, La Source fut traversée par de très vastes voiries – deux fois deux voies - qu'il a fallu, en certains points, rétrécir : on ne se prive pas si facilement du concept de rue. Et il fut décidé qu'il y aurait parallèlement un vaste espace dévolu aux piétons : une dalle entre les immeubles… Or cette dalle, battue par les vents, fut peu fréquentée par lesdits piétons. Il fallut en partie la démolir et la reconfigurer. Pour résumer, un urbanisme d'une certaine époque qui, à bien des égards ne facilite pas la proximité, ni le voisinage - même si dans les immeubles comme dans les pavillons, il y a bien sûr des relations entre voisins. Lire la suite...
Le texte de la communication que j'ai présentée au colloque sur Péguy et la poésie, organisé à l'Ecole Normale Supérieure en janvier 2024, a été publié dans la revue de l'Amitié Charles Péguy n° 183-184.
Il y a quelque chose de pathétique dans la publication et la première réception de cette œuvre immense, ce chef-d'œuvre de Péguy qu'est Ève.
Ce long poème paraît le 28 décembre 1913 dans un Cahier qui compte 396 pages. Géraldi Leroy écrit que « beaucoup de lecteurs furent déconcertés voire consternés par la masse de ce cahier compact ». Et il cite cet extrait d'une lettre de Péguy au fidèle Joseph Lotte : « Le Cahier est tombé dans un silence de plomb. On n'en a pas vendu quatre exemplaires en 10 jours »1.
Comment ne pas penser aussitôt à ce que Péguy révélait dans un texte intitulé « Entre deux trains » paru en 1900 sur la réception de sa première œuvre, la première Jeanne d'Arc de 1897, lorsqu'il écrit que sur les mille exemplaires « L'auteur en donna 200 à ses amis, à ses camarades, aux amis de ses amis et aux amis et camarades de ses camarades et amis […] les exemplaires qui demeuraient dormirent un long sommeil […]. Un seul exemplaire fut vendu commercialement, et encore l'auteur est-il autorisé à considérer cet achat comme un témoignage de cordialité personnelle2 ». Ainsi la dernière œuvre de Péguy publiée de son vivant a ceci de commun avec la première : toutes deux furent de notoires insuccès. Ce qui n'empêchera pas des vers de l'une et de l'autre couvrir des pages du Lagarde et Michard et d'être largement connues : Adieu Meuse endormeuse…, pour la première et Heureux ceux qui sont morts… pour la dernière ! Cruel renversement : Péguy fut assurément l'un des auteurs les moins lus et les moins célébrés de son vivant. Il en conçut une compréhensive amertume, sur laquelle je vais revenir.
On trouve une preuve complémentaire de ce désamour lorsqu'on suit la diffusion des Cahiers de la Quinzaine à partir de la publication des trois Mystères : ainsi au début de la XVe et dernière série, la revue a perdu deux cents abonnements. Lire la suite...