L’extrême droite est donc aux portes du pouvoir. Et cela appelle beaucoup de questions douloureuses. Et d’abord, qu’avons-nous fait - ou que n’avons-nous pas fait - dans les années et les décennies qui précèdent pour en arriver là.
On peut répondre en pointant du doigt les déficiences des politiques publiques, les territoires qui se perçoivent comme abandonnés, les personnes qui ne se sentent plus comprises ni écoutées - même par les partis de gauche et leurs dirigeants.
Mais on doit aussi, je crois, prendre en compte ce qui est dans notre pays un relâchement quant au respect des valeurs républicaines. Cela commence à l’école et continue dans les familles, dans les quartiers, sur les écrans. Le relativisme se déploie. Toute parole est censée en valoir une autre. On oublie l’essentiel face à ce que Blaise Pascal appelait le « divertissement ».
Ces questions sont graves. Il sera nécessaire et salutaire de s’y atteler, de réfléchir et d’agir en conséquence.
Mais pour l’heure, c’est l’urgence qui doit nous appeler à faire clairement barrage à l’arrivée du RN. Il est l’héritier du Front National. Et malgré les apparences, il en a gardé la philosophie - si l’on peut employer ce mot -, les ‘a priori’, les positions xénophobes, à rebours de tout humanisme.
Son discours anti-immigrés est terrible. Il fait peu de cas des êtres humains qui, poussés par la misère ou l’oppression, après de longues marches, traversent - quand ils y arrivent ! - la Méditerranée dans des rafiots surchargés pour le plus grand profit des passeurs. Cette mer, comme la Manche, devient un cimetière à ciel ouvert, devant trop d’indifférence.
Quant à ceux qui disposent d’une « double nationalité », ils sont purement et simplement menacés de ne plus pouvoir exercer un certain nombre d’emplois publics.
C’est revenir au système des purges, des citoyens de seconde zone. Bref, à l’absolu contraire de tout ce qui peut s’appeler « humanisme », sans parler de la négation même de notre Constitution.
Alors il faut voter, appeler à voter massivement contre le RN.
Bien des questions resteront posées, conséquences de l’inconséquence d’Emmanuel Macron, qui a choisi de dissoudre l’Assemblée nationale dans une intégrale solitude. Quel gouvernement après ? Comment ? Ce sont de vraies questions. Mais pour l’heure, il faut se battre contre le danger imminent.
Je terminerai en citant Louis Aragon dans « La rose et le réséda » :
Quand les blés sont sous la grêle,
Fou celui qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat.
(Ce texte paraîtra dans Témoignage chrétien du jeudi 4 juillet).