> Mon interview sur France 3 Centre Val de Loire, 15 juillet 2024
> Mon interview sur France 3 Centre Val de Loire, 15 juillet 2024
En barrant sa une de ces trois lettres : « Ouf », le quotidien « Libération » a résumé la réaction de très nombreux Français. Une grande majorité des électeurs a su, dans un vrai sursaut, avec la constitution de ce front républicain et ces très nombreux désistements, éviter le pire et comprendre que l’absolue priorité était de défendre toutes nos valeurs républicaines
Pour ce qui est du Loiret, je salue et félicite donc les cinq candidats, appartenant à des partis politiques très différents, qui ont su et qui ont pu rassembler très largement autour de ces valeurs républicaines, et pour elles ! Et je salue et félicite aussi toutes celles et tous ceux qui ont choisi de se désister alors qu’ils auraient eu la possibilité et la légitimité de se maintenir au second tour, mais qui ont choisi l’essentiel plutôt que leurs ambitions personnelles ou leur choix partisan.
C’est ainsi que, alors que nous pouvions craindre que de deux députés RN, on passe à trois, nous sommes passés de deux à un, grâce à l’intense mobilisation de Constance de Pélichy, d’Anthony Brosse, de leurs suppléants et de tous ceux qui les ont soutenus, quels que soient leurs bords politiques.
On me permettra un mot sur la seconde circonscription du Loiret qui avec la victoire d’Emmanuel Duplessy, que je félicite, bien sûr, retrouve un député de gauche après 36 années d’interruption et les 7 années durant lesquelles Jean-Claude Portheault en a été le député ! Je me souviens comme si c’était hier de ce soir de juin 1981… où nous avons été, avec Jean-Claude, tous deux élus députés du Loiret…après, là encore, 23 ans, au moins, de désert parlementaire pour la gauche dans le Loiret….
Cela montre, une fois de plus, que la gauche peut gagner, réussir et agir…même dans ce département réputé « droitier » qu’est le Loiret ! Elle peut gagner dès lors qu’elle est elle-même, fidèle à ses convictions, réaliste, et présente « sur le terrain ».
Enfin, toujours pour ce qui est du Loiret, ce scrutin pose un problème d’éthique. Ainsi, le RN (Ex Front National) a cru pouvoir investir une candidate n’habitant pas le département, qui n’est jamais venue dans la circonscription où elle était candidate, et n’a fait aucune déclaration ni durant la campagne électorale, ni le soir des élections, puisqu’elle était « injoignable » …Il y a des limites à l’imposture ! Et l’on peut s’étonner que, même au second tour, un nombre important d’électeurs aient voté pour cette candidate fantomatique.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
Les médias bruissent de conjectures. Et je craindrais que l’on en revienne à d’improbables combinaisons politiciennes en tous genres.
Ce qui me paraît clair, c’est que l’époque où chaque élection présidentielle entraînait dans son sillon une forte majorité absolue pour le président élu - cette période, donc, est révolue. Si, de surcroît, on introduit la proportionnelle, ce serait encore plus le cas ! Notons que cette situation est celle que connaissent aujourd’hui la plupart des pays d’Europe. Or, en France, nous n’avons pas l’habitude de cette configuration. Nous avons plutôt l’habitude d’une alternance entre une gauche républicaine et une droite républicaine. Mais le projet politique du « en même temps » mis en œuvre par Emmanuel Macron a tué cette forme d’alternance.
Alors que faire ?
Premier point : la gauche, qui est arrivée en tête des trois grands ensembles politiques qui composent l’Assemblée Nationale doit jouer un rôle majeur et rester fidèle à ses projets, ses convictions et ses valeurs.
Second point : elle doit se montrer ouverte. Car, sinon, il n’y aurait pas de majorité possible, et donc de vie et de survie, pour aucun gouvernement.
Troisième point : il faut, à mon sens, en revenir à Pierre Mendès France qui dans son livre « La République Moderne » plaidait pour des contrats de législature, engageant sur un programme et sur un ensemble de réformes, ceux qui décideraient de se rassembler. C’est le cas - on le sait- dans nombre pays d’Europe.
Autrement dit : non à toute coalition de circonstance, sans principe. Non pour le retour à ce que la Quatrième République avait de pire. Mais oui pour un rassemblement sur un programme négocié où les convictions et les projets de la gauche - sur la justice, les droits humains, la santé, les services publics, etc.- prendraient toute leur place !
Certains penseront que c’est impossible ou idéaliste. Je répondrai que le pire n’est pas toujours sûr…et que je ne vois pas très bien ce que la gauche peut proposer d’autre, dans l’état actuel des choses. Et je n’oublie pas non plus que cela dépend pour une part non négligeable de ce que voudra le président de la République.
Jean-Pierre Sueur
L’extrême droite est donc aux portes du pouvoir. Il faut y faire barrage.
C’est pourquoi j’appelle les électrices et les électeurs du Loiret à voter pour les candidats des partis qui, dans toute leur diversité, sont fidèles aux valeurs de la République : Stéphanie Rist (1ère circonscription), Emmanuel Duplessy (2ème), Constance de Pélichy (3ème), Bruno Nottin (4ème), Antony Brosse (5ème) et Richard Ramos (6ème).
L’extrême droite est donc aux portes du pouvoir. Et cela appelle beaucoup de questions douloureuses. Et d’abord, qu’avons-nous fait - ou que n’avons-nous pas fait - dans les années et les décennies qui précèdent pour en arriver là.
On peut répondre en pointant du doigt les déficiences des politiques publiques, les territoires qui se perçoivent comme abandonnés, les personnes qui ne se sentent plus comprises ni écoutées - même par les partis de gauche et leurs dirigeants.
Mais on doit aussi, je crois, prendre en compte ce qui est dans notre pays un relâchement quant au respect des valeurs républicaines. Cela commence à l’école et continue dans les familles, dans les quartiers, sur les écrans. Le relativisme se déploie. Toute parole est censée en valoir une autre. On oublie l’essentiel face à ce que Blaise Pascal appelait le « divertissement ».
Ces questions sont graves. Il sera nécessaire et salutaire de s’y atteler, de réfléchir et d’agir en conséquence.
Mais pour l’heure, c’est l’urgence qui doit nous appeler à faire clairement barrage à l’arrivée du RN. Il est l’héritier du Front National. Et malgré les apparences, il en a gardé la philosophie - si l’on peut employer ce mot -, les ‘a priori’, les positions xénophobes, à rebours de tout humanisme.
Son discours anti-immigrés est terrible. Il fait peu de cas des êtres humains qui, poussés par la misère ou l’oppression, après de longues marches, traversent - quand ils y arrivent ! - la Méditerranée dans des rafiots surchargés pour le plus grand profit des passeurs. Cette mer, comme la Manche, devient un cimetière à ciel ouvert, devant trop d’indifférence.
Quant à ceux qui disposent d’une « double nationalité », ils sont purement et simplement menacés de ne plus pouvoir exercer un certain nombre d’emplois publics.
C’est revenir au système des purges, des citoyens de seconde zone. Bref, à l’absolu contraire de tout ce qui peut s’appeler « humanisme », sans parler de la négation même de notre Constitution.
Alors il faut voter, appeler à voter massivement contre le RN.
Bien des questions resteront posées, conséquences de l’inconséquence d’Emmanuel Macron, qui a choisi de dissoudre l’Assemblée nationale dans une intégrale solitude. Quel gouvernement après ? Comment ? Ce sont de vraies questions. Mais pour l’heure, il faut se battre contre le danger imminent.
Je terminerai en citant Louis Aragon dans « La rose et le réséda » :
Quand les blés sont sous la grêle,
Fou celui qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat.
(Ce texte paraîtra dans Témoignage chrétien du jeudi 4 juillet).
François Bonneau nous offre un bel argument pour lutter contre les propagandes grossières sur le Nouveau Front Populaire.
Chacun constate aujourd’hui que la région Centre Val de Loire, qu’il préside, est bien gérée et que la plupart des actions qu’elle mène sont appréciées de manière consensuelle. Or l’exécutif et la majorité du conseil régional sont composés exactement de représentants de tous les partis qui composent le Nouveau Front Populaire !!!
Finissons-en donc avec ces vaines propagandes. Et rassemblons-nous pour lutter contre le grave danger que représente le RN (ex Front National) !