J’écris ces lignes après avoir regardé dans la soirée les reportages sur la « passation de pouvoir » à l’Élysée, puisque les fêtes de Jeanne d’Arc qui, une fois encore, ont rassemblé les Orléanais, ne m’ont pas permis de suivre cet événement en direct.
Le mot qui me vient sous la plume pour caractériser cette « passation de pouvoir » est : « dignité ».
Évoquant l’ensemble de ses prédécesseurs, prononçant des paroles et accomplissant des gestes éminemment républicains, Emmanuel Macron a pris un bon départ.
Je sais qu’il n’ignore rien des difficultés de la tâche qui l’attend.
Ces difficultés sont renforcées par le fait qu’il a choisi de « faire bouger les lignes », de changer la donne politique afin de dépasser des oppositions qui ont pu apparaître comme trop rituelles et trop figées, en unissant ce qu’il appelle les « progressistes » – c’est-à-dire, si je comprends bien, et je crois bien comprendre, ceux qui ne sont pas conservateurs et qui s’opposent donc à ces derniers.
Je lui souhaite bonne chance et succès.
Je sais que beaucoup ont déjà commencé à faire son procès alors qu’il n’a encore engagé aucune action – et pour cause !
Je ne partage pas cet état d’esprit.
Beaucoup de Français attendent d’Emmanuel Macron un renouveau de notre vie politique. Je partage cette aspiration.
S’agissant du clivage entre la gauche et la droite, qui structure notre vie politique depuis si longtemps, je ne pense pas qu’il disparaîtra.
D’ailleurs, le clivage entre progressistes et conservateurs le recouvre largement.
J’ai dit – et je maintiens – qu’Emmanuel Macron devra pouvoir s’appuyer sur une majorité large, cohérente et progressiste.
Je maintiens que celle-ci doit, à mon sens, être « plurielle » et comprendre à côté du mouvement « République En Marche », les socialistes – ou socio-démocrates – qui, bien sûr, auront choisi de ne pas être dans l’opposition, c’est-à-dire la majorité d’entre eux, des radicaux, des écologistes, des centristes et des gaullistes sociaux qui auront évidemment choisi de rompre avec la droite conservatrice.
Pour moi, l’enjeu des élections législatives, c’est la constitution d’une telle majorité, dans sa diversité. Chaque composante devra apporter sa contribution pour gagner le défi du changement, de la réforme et du renouveau.
Jean-Pierre Sueur
Je tiens à saluer la mémoire de Louis Boyer, que j’ai bien connu, qui exerça trois mandats de sénateur du Loiret, fut maire de Gien durant trente-six ans et conseiller général du Loiret pendant trente ans.
À Gien, Louis Boyer a succèdé en tant que maire à Pierre Dézarnaulds qui avait participé au gouvernement du Front populaire et a œuvré avec ardeur et efficacité pour la reconstruction de Gien. Louis Boyer n’avait pas les mêmes orientations politiques. Il était membre des Républicains indépendants alors que Pierre Dézarnaulds, qui appartenait au Parti radical, était un homme de gauche.
Si, au Sénat, Louis Boyer fut toujours fidèle à sa famille politique (RI puis UDF) et défendit ses options, notamment en sa qualité de vice-président de la commission des affaires sociales, à Gien, il suivit les traces de son prédécesseur en poursuivant l’œuvre de reconstruction que celui-ci avait engagée, en créant de nouveaux quartiers et en construisant de nombreux logements. À cela s’est ajoutée, au fil du temps, une action économique considérable : Louis Boyer s’est pleinement enangé pour faire venir à Gien de grandes entreprises françaises et internationales, afin de créer le plus grand nombre d’emplois qu’il serait possible pour les habitants du Giennois.
Il a aussi poursuivi l’action de son prédécesseur en se montrant consensuel et en étant très proche des habitants de la ville, qu’il connaissait et auxquels il était très dévoué.
Il était très attaché aux sports et aux clubs sportifs de sa commune. Et c’est à très juste titre que le stade de football de Gien porte désormais son nom.
Nous n’avions pas les mêmes idées politiques. Mais nos relations ont toujours été très cordiales. Je sais qu’un grand nombre de Giennois et d’habitants du Loiret auront été marqués par la manière dont il se préoccupait des êtres humains et savait être chaleureux et bienveillant.
Jean-Pierre Sueur
Je veux d’abord féliciter chaleureusement Emmanuel Macron pour sa belle victoire.
J’en vois déjà qui font la « fine bouche » devant cette victoire.
Je ne suis pas de ceux-là.
En effet, c’était un pari, un défi, que de parvenir à une telle élection, avec l’appui d’un parti fondé il y a moins d’un an, contre toutes les habitudes du monde politique.
Ce pari a été gagné.
Et le succès d’Emmanuel Macron traduit à l’évidence une volonté d’un profond renouveau dans l’exercice de l’action politique.
Il traduit une volonté de « faire bouger les lignes. »
Et, pour ma part, je veux voir – et je vois – cela positivement.
Il faut toujours, dans une démocratie, écouter ce qu’expriment les électeurs !
Et puis, c’est un beau message envoyé au monde (les réactions sont innombrables) que l’élection d’un président jeune, ouvert aux questions internationales et profondément européen.
La large victoire d’Emmanuel Macron contre Marine Le Pen est une autre bonne nouvelle. Mais comme il l’a dit lui-même, le vote de nombre de nos concitoyens pour l’extrême droite traduit des colères et des détresses auxquelles seule une action publique efficace et juste pourra répondre.
La question de l’emploi, en particulier, reste devant nous, même si – je le redis – les mesures prises par François Hollande et ses gouvernements produisent et produiront des effets, et si l’action de François Hollande sera réévaluée dans l’histoire. À cet égard, je ne pense pas qu’il y aura « rupture », même si le nouveau président imprimera – ce qui est naturel – sa marque propre.
À la suite de cette belle victoire, rien ne serait pire que de se retrouver, dans six semaines, entraînés dans une cohabitation stérile et inefficace.
C’est pourquoi je plaide à nouveau pour la constitution, à la faveur des élections législatives, d’une majorité ample, cohérente et progressiste.
Une majorité progressiste, ce ne sera – bien entendu – pas une majorité conservatrice !
J’appelle donc de mes vœux un vaste rassemblement intégrant le mouvement « La République en marche », les socialistes qui se reconnaissent dans la « gauche de gouvernement », celle qui veut réformer – en laquelle je me reconnais moi-même –, les radicaux, les écologistes qui partagent la même volonté et les centristes ou gaullistes de progrès qui veulent eux aussi réformer la France, et ont donc choisi de rompre avec le programme droitier qui était notamment celui de François Fillon.
Une telle majorité sera diverse. Elle sera plurielle. Ce qui est, à mon avis, nécessaire si on veut qu’elle soit large. Elle devra être cohérente : il faut, à cet égard, tirer les leçons des dernières années. Cette cohérence sera la condition de son efficacité.
Et, bien sûr, elle sera progressiste.
Ce qui signifie pour moi qu’il faudra conjuguer le dynamisme économique, l’esprit d’initiative avec la solidarité et la justice, sans lesquelles il n’est pas de progrès.
Jean-Pierre Sueur
Jean-Pierre Sueur était réintervenu auprès de Martine Pinville, secrétaire d’État chargée du commerce, de l’artisanat, de la consommation et de l’économie sociale et solidaire, suite aux remarques de l’UFC-Que choisir ? d’Orléans qui a constaté les limites du dispositif « Bloctel ».
Martine Pinville lui a répondu.
>> Lire la lettre de Martine Pinville