Dans le cadre d’un numéro consacré à « Psychanalyse ou barbarie », un article de Jean-Pierre Sueur intitulé « Quand la psychanalyse rattrape la politique ».
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Dans le cadre d’un numéro consacré à « Psychanalyse ou barbarie », un article de Jean-Pierre Sueur intitulé « Quand la psychanalyse rattrape la politique ».
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Un grand bravo à l’Union culturelle populaire en Sologne (UCPS) qui a su organiser à Jouy-le-Potier une belle fête – culturelle et populaire à la fois – ce dimanche 8 septembre. C’était beau, heureux. Cette fête n’était pas tournée vers le passé de manière nostalgique. Elle était tournée vers le présent et l’avenir, pour lesquels elle mobilisait un héritage vivant. Merci à l’UCPS.
JPS
Je tiens à signaler tout particulièrement le livre de Pierre Delion : « Ecouter, le 8 mars 2012, d’une « recommandation » de la Haute autorité de santé (HAS) qui, en matière d’autisme, « a pris la liberté de stigmatiser la psychothérapie institutionnelle qu’elle accuse d’être une "pratique non consensuelle" à l’égard de la psychanalyse », pour reprendre les termes de Pierre Delion (page 42).
C’est un plaidoyer remarquable contre un nouvel avatar de la lutte acharnée que certaines mènent depuis plusieurs années, en France, à l’encontre des approches s’inspirant de la psychanalyse et contre la psychanalyse elle-même.
On se souvient de l’« amendement Accoyer », d’un rapport édifiant de l’INSERM affirmant que les « thérapies cognitivo-comportementales » étaient plus efficaces que les approches psychanalytiques, sur la base d’un corpus de publications qui défendaient majoritairement cette thèse et avaient été sélectionnées pour le besoin de la cause. On se souvient aussi du rapport Benisti plaidant pour qu’on identifie les futurs délinquants dès la naissance – sinon avant !
Pierre Delion répond avec une grande fermeté : « Il est classique de mettre sur un pied d’égalité les thérapies cognitivo-comportementales et les psychothérapies psychanalytiques comme s’il s’agissait de deux formes différentes (…), mais recrutant les mêmes patients et avançant sur des pratiques comparables. Il est impossible d’accepter une seule seconde cette idée (…). Il me semble beaucoup plus utile et avisé de faire passer les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) pour ce qu’elles sont vraiment : des méthodes de rééducation. Alors que les psychothérapies psychanalytiques sont authentiquement des thérapies » (page 166).
Il s’insurge contre les démarches qui se contenteraient, pour guérir un enfant de « rechercher le symptôme dont il souffre dans la table des matières du manuel de statistiques du DSM IV (…) puis de lire la solution que proposent les sites plus ou moins spécialisés » (page 162).
Pour lui, les approches comportementalistes, jumelées à la prescription de médicaments, ne suffisent pas à guérir. Et, tout en plaidant pour la « complémentarité des approches » (page 168), il refuse que l’on disqualifie purement et simplement, au détour d’une décision officielle, tout l’apport des psychiatries intégratives et des démarches prenant en compte l’approche psychanalytique.
J’ajouterai qu’il me paraît toujours contestable qu’une instance officielle tranche entre des approches intellectuelles. Ce n’est assurément pas le rôle de de l’Etat. Pierre Delion aborde toutes ces questions avec une réelle ouverture d’esprit et une vision des choses positive et constructive.
Jean-Pierre Sueur
.Je suis heureux qu’après douze ans d’éclipse l’architecture contemporaine ait enfin fait son retour à Orléans avec le FRAC. Et je salue la ténacité de la Région Centre et de son président, François Bonneau, sans laquelle ce bâtiment n’existerait pas.
L’architecture contemporaine dérange, au moins un temps. Elle dérange tous ceux qui pensent qu’il faut se borner à recopier – voire à singer – ce qu’ont laissé les siècles passés. Elle dérange ceux qui pensent que les formes convenues sont bonnes, que les innovations sont hasardeuses et que les choses doivent rester ce qu’elles sont.
Eternelle histoire. Sait-on que la Tour Eiffel en son temps suscita de vives oppositions de personnages qui déclaraient qu’elle allait irrémédiablement défigurer Paris.
Je me souviens des vives – et même très vives – oppositions suscitées à Orléans par la médiathèque, la salle Jean-Louis Barrault, le Zénith, le Pont de l’Europe – d’autres projets encore.
Aujourd’hui la médiathèque est adoptée. Avec le Pont de l’Europe, elle figure dans d’innombrables livres et revues d’architecture dans le monde entier.
Autre débat : comment l’architecture contemporaine s’insère-t-elle dans son environnement urbain ?
Elle est toujours rupture et aussi continuité – comme la vie. Elle crée un nouveau paysage urbain. Elle ajoute la marque d’un siècle à celle d’autres siècles.
A cet égard, le nouveau FRAC, dû à Jakob et MacFarlane, est remarquable. Impossible de ne pas se faire surprendre par ses formes, son habillage, ses reflets et ses métamorphoses numériques. En même temps, on voit combien le bâtiment classique des Subsistances militaires s’inscrit dans le projet qui, finalement, conjugue les continuités et les ruptures en une œuvre singulière.
C’est l’inverse de ce qui fut fait naguère autour de notre cathédrale où l’on s’est ingénié à recopier les formes anciennes – pour ne prendre que cet exemple.
L’architecture, c’est la vie, c’est le mouvement de la vie.
Il était nécessaire que la collection sans équivalent des maquettes de l’architecture moderne que recèle le FRAC – et sur laquelle Marie-Ange Brayer veille avec ferveur – fût accueillie au cœur d’une œuvre architecturale qui soit à sa mesure.
Jean-Pierre Sueur
.L’oxymore – on le sait – est la juxtaposition de mots de sens contraire, « tombe des étoiles ». En intitulant leur livre, joliment illustré, sur Orléans et la musique, « Le concert silencieux », Jean-Dominique Burtin et Hélène Bensaad ont, à leur tour, usé de cette figure de rhétorique à bon escient car si Orléans, dans son histoire et sa géographie, recèle tant de souvenirs et d’actualités musicales, elle n’est pas le réceptacle d’œuvres tonitruantes, du tintamarre surfait ou des propagandes tapageuses. C’est une ville qui se découvre en silence, dans le calme de ses rues, la sérénité de ses bords de Loire. Si bien que l’autre jeu de mots qu’ouvre l’ouvrage (page 5) entre « ballades » et « balades » - terreur des professeurs d’orthographe – convient lui aussi au sujet. Le livre nous propose une errance qui se joue de la chronologie comme de la topographie entre les murs d’hier et d’aujourd’hui, les musiques d’autrefois et celles de demain.
Au fil des pages, on découvre le grand orgue de la cathédrale, un Cavaillé Coll d’abord installé à Saint-Benoît sur Loire, qu’il fallut transporter par voie fluviale cependant que les habitants de Saint-Benoît s’insurgeaient. Il fallut pas moins de « deux compagnies de la garde royale » pour protéger le démontage et les vents – traduisant sans doute la désapprobation céleste, du moins le crut-on – furent résolument contraires lorsque l’étonnante embarcation largua les amarres à Saint-Benoît.
On découvre d’autres orgues : celles du passage du saloir à l’hôtel des Créneaux et celles, récemment installées, de Saint-Marceau.
On revient au bourdon de la cathédrale dont la fabrication échappa étonnamment à la fonderie Bollée, même si une part non négligeable du bronze provient de l’ancien bourdon, façonné, celui-là, par la fonderie du faubourg de Bourgogne.
On se tourne vers l’Institut et des figures de musiciens célèbres. On retrouve le Conservatoire, Antoine Mariotte et René Berthelot. On arrive à l’ancienne salle du théâtre à l’italienne, hélas démontée pour laisser place au nouveau centre municipal et on apprend que son directeur protestait jadis contre les croassements des nombreuses grenouilles qui, place de l’Etape, troublaient les vocalises des concerts lyriques ! On note qu’au début du XXe siècle, le théâtre offrait le dimanche après-midi pas moins de trois pièces – dont une œuvre lyrique – d’affilée.
On en vient au musée historique et à la longiligne trompe de Neuvy-en-Sullias, due à l’art gaulois, comme la danseuse et le petit cheval. Au musée des Beaux-Arts, on admire la vague de Courbet, que nos auteurs s’amusent à mettre en correspondance avec le buste de l’immortel auteur de « La mer », Claude Debussy.
Le musée recèle encore biens des œuvres qui rappellent la musique et notamment « Le visage à la harpe » et la « Nature morte à la trompette » de Roger Toulouse. On passe sur les mails où l’on salue l’ancien kiosque avant de rejoindre la médiathèque, où tant de partitions d’importance sont gardées, et les contemporaines « Turbulences » du FRAC.
… Et l’on oublie ni la Musique municipale d’Orléans dont on a fêté récemment le 150e anniversaire, ni les semaines musicales d’Orléans malheureusement disparues, ni le concours international du piano du XXe siècle toujours vivant et vivace grâce à la belle ténacité de Françoise Thinat, ni le festival de jazz, ni Josef Nadj danseur-musicien, ni nos amis luthiers tel Bruno Dreux en son atelier de la rue de Bourgogne.
Un seul reproche véniel : si les photos sont belles, les légendes n’y renvoient pas toujours exactement. Ce léger défaut pourra être corrigé dans la seconde édition.
… En attendant, savourez de page en page et de rue en rue le « concert silencieux » de Jean-Dominique Burtin et d’Hélène Bensaad.
Jean-Pierre Sueur
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