Les livres des politiques sont souvent très décevants. Vite faits, heureusement, de très notables exceptions.
Parmi celles-ci, j’inscrirai sans hésiter le livre que Pierre Joxe vient de publier aux éditions Labor et Fides situées à Genève – ville symbole – et qui s’intitule : Cas de conscience.
Pierre Joxe fut – on le sait – élève de l’ENA, sous-lieutenant pendant la guerre d’Algérie, membre de la Cour des Comptes, député, président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, ministre de l’Intérieur, puis de la Défense, Premier président de la Cour des comptes et membre du Conseil constitutionnel.
Son livre porte sur plusieurs événements qui ont marqué ce riche parcours.
Mais au rebours de la complaisance pour soi-même trop habituelle, donc, dans les livres des politiques, il choisit de nous présenter les « cas de conscience » auxquels il a été confronté.
Il choisit de nous dire ses incertitudes, ses doutes, ses moments difficiles, ses renoncements autant que ses choix courageux et ses ruptures salutaires.
Il choisit, en un mot, de « parler vrai », pour reprendre l’expression de Michel Rocard – un homme avec qui il fut souvent en désaccord.
Le résultat est passionnant.
On découvre le jeune sous-lieutenant ardent partisan de la décolonisation et de l’indépendance de l’Algérie chargé de censurer, à Alger, un journal soutenant des positions – et surtout des actions – contraires, alors qu’il est profondément attaché à la liberté d’expression. On découvre un jeune magistrat à la Cour des comptes ulcéré de voir ses justes remarques mises sous le boisseau suite aux interventions de notables locaux, ce qui le conduit à rompre – pour un temps – avec cette institution. Pierre Joxe relate encore en détail l’affaire de la réhabilitation des généraux félons – pour laquelle, jeune député, je partageais son incompréhension et sa colère. Il revient sur la privatisation des chaînes de télévision publique, sur la Somalie, nous parle de ses rapports avec François Mitterrand, qu’il admirait, ce qui ne l’empêchait pas de lui « parler vrai » lorsque l’enjeu lui paraissait le mériter. Il nous parle enfin du Conseil constitutionnel et de ses « opinions dissidentes » longtemps rentrées et enfin publiées – c’est l’objet du livre – lorsque la coupe déborde vraiment et que le Conseil valide comme conforme à la Constitution la nomination par le chef de l’Etat des présidents de France Télévision et de Radio France « quels que soient les avis auxquels sont soumises ces décisions ».
Ce livre est donc un « acte de langage », qui enrichira les exemples recensés par John Langshaw Austin (dont le principal ouvrage a été traduit sous le titre Quand dire c’est faire aux éditions du Seuil) et, après lui par JR Searle et Oswald Ducrot.
C’est un livre courageux, qui fait penser de bout en bout à cette phrase que connaît certainement le protestant Pierre Joxe et qui figure dans l’Evangile de Jean : « La vérité vous rendra libres ».
Parmi celles-ci, j’inscrirai sans hésiter le livre que Pierre Joxe vient de publier aux éditions Labor et Fides situées à Genève – ville symbole – et qui s’intitule : Cas de conscience.
Pierre Joxe fut – on le sait – élève de l’ENA, sous-lieutenant pendant la guerre d’Algérie, membre de la Cour des Comptes, député, président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, ministre de l’Intérieur, puis de la Défense, Premier président de la Cour des comptes et membre du Conseil constitutionnel.
Son livre porte sur plusieurs événements qui ont marqué ce riche parcours.
Mais au rebours de la complaisance pour soi-même trop habituelle, donc, dans les livres des politiques, il choisit de nous présenter les « cas de conscience » auxquels il a été confronté.
Il choisit de nous dire ses incertitudes, ses doutes, ses moments difficiles, ses renoncements autant que ses choix courageux et ses ruptures salutaires.
Il choisit, en un mot, de « parler vrai », pour reprendre l’expression de Michel Rocard – un homme avec qui il fut souvent en désaccord.
Le résultat est passionnant.
On découvre le jeune sous-lieutenant ardent partisan de la décolonisation et de l’indépendance de l’Algérie chargé de censurer, à Alger, un journal soutenant des positions – et surtout des actions – contraires, alors qu’il est profondément attaché à la liberté d’expression. On découvre un jeune magistrat à la Cour des comptes ulcéré de voir ses justes remarques mises sous le boisseau suite aux interventions de notables locaux, ce qui le conduit à rompre – pour un temps – avec cette institution. Pierre Joxe relate encore en détail l’affaire de la réhabilitation des généraux félons – pour laquelle, jeune député, je partageais son incompréhension et sa colère. Il revient sur la privatisation des chaînes de télévision publique, sur la Somalie, nous parle de ses rapports avec François Mitterrand, qu’il admirait, ce qui ne l’empêchait pas de lui « parler vrai » lorsque l’enjeu lui paraissait le mériter. Il nous parle enfin du Conseil constitutionnel et de ses « opinions dissidentes » longtemps rentrées et enfin publiées – c’est l’objet du livre – lorsque la coupe déborde vraiment et que le Conseil valide comme conforme à la Constitution la nomination par le chef de l’Etat des présidents de France Télévision et de Radio France « quels que soient les avis auxquels sont soumises ces décisions ».
Ce livre est donc un « acte de langage », qui enrichira les exemples recensés par John Langshaw Austin (dont le principal ouvrage a été traduit sous le titre Quand dire c’est faire aux éditions du Seuil) et, après lui par JR Searle et Oswald Ducrot.
C’est un livre courageux, qui fait penser de bout en bout à cette phrase que connaît certainement le protestant Pierre Joxe et qui figure dans l’Evangile de Jean : « La vérité vous rendra libres ».
Jean-Pierre Sueur
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