Ce fut un grand événement culturel dans notre région Centre-Val de Loire et dans notre département du Loiret que l’ouverture du Centre d’art contemporain des Tanneries à Amilly, inauguré ce mercredi 21 septembre par Audrey Azoulay, ministre de la culture et de la communication.
Je tiens à le dire d’emblée : rien ne prédisposait Amilly, ville d’abord rurale, qui s’est développée et industrialisée, au sud de Montargis, à devenir, selon son beau slogan, « ville des arts », ni à accueillir un centre d’art contemporain, dont le rayonnement sera national et international.
Rien… sauf la volonté d’un homme, Gérard Dupaty, maire d’Amilly, suivi par son conseil municipal et accompagné par Beaudoin Abraham, adjoint à la culture – volonté tenace qui s’est traduite par un travail intense et des démarches incessantes, dix années durant, pour que cette très remarquable réalisation voie enfin le jour !
Ce fut d’abord une riche idée que d’acquérir une friche industrielle, située rue des Ponts, une ancienne tannerie installée au centre d’un grand espace vert, longé, de part et d’autre, par deux bras du Loing, avec l’idée de donner à ce bâtiment une nouvelle vie en le vouant à l’art contemporain.
L’architecte retenu, Bruno Gaudin, a strictement respecté l’architecture industrielle. Il a gardé sa force, sa sobriété, sa fonctionnalité. Ce respect du bâti – qui proscrit toute surcharge ou toute ornementation artificielle – doit être noté : il permet la mise en valeur des œuvres. Le lieu est ainsi très accueillant et permet toutes sortes de configurations et d’accrochages, comme on en a l’illustration avec les deux expositions que l’on peut actuellement y découvrir : « Œuvre aux singuliers » et « Histoire des formes » –, sans oublier l’exposition qui s’offre à l’extérieur : « Presqu’île #1 ».
Voilà donc qu’aux côtés du musée Girodet, qui a subi un grand sinistre lors des récentes inondations, mais connaîtra un renouveau grâce à l’action des professionnels qui s’emploient à restaurer les tableaux, le Gâtinais nous offre un second musée de grande qualité qui suscitera – je l’espère vivement – l’intérêt et l’engouement des habitants du Loiret, du Centre-Val de Loire – et bien au-delà !
L’« art contemporain » est souvent l’objet de préventions ou de critiques. L’histoire nous apprend que ce fut fréquemment le cas à toutes les époques. Les traditions, les répétitions et ce qui est labellisé ou perçu comme « académique » rassurent toujours…
Mais l’art, par essence, est risque. Il ouvre de nombreux chemins, ou alors il n’est pas lui-même. Et s’il restitue indéfiniment les schémas hérités, il n’est plus création.
Il ne suffit pas, bien sûr, de transgresser les règles, les traditions ou les conformismes pour créer des chefs-d’œuvre. L’art demande plus de concentration et de rigueur que certains le croient. Mais il est nécessaire, il est impérieux, de soutenir nos artistes – en sachant que l’histoire, comme toujours, saura retenir des œuvres qui ne sont pas forcément celles que le « goût du jour » ou la mode de l’heure prônent. C’est pourquoi la création doit se déployer dans un vaste foisonnement, sans exclusive.
Et à ceux qui opposeraient la culture et l’économie, rappelons que la culture crée nombre d’emplois en France, qu’elle a partie liée avec le tourisme et qu’elle contribue à l’« attractivité » (comme on dit…) et au rayonnement de notre pays dans de nombreux domaines.
Une friche industrielle retrouve vie. L’art contemporain y sera, à son tour, source de nouvelles activités. L’essor du design ou des créations industrielles nous montrent combien désormais, tout est lié.
Longue et belle vie aux Tanneries !
Jean-Pierre Sueur
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