Quelques mots sur les émissions de radio qui m’accompagnent dans mes pérégrinations sur les routes du Loiret entre inaugurations et manifestations de toutes sortes le samedi matin…
Il y a d’abord, sur Europe 1, de 10 h à 11 h, « Médiapolis », animée par Olivier Duhamel et, désormais, Natacha Polony. C’est, pour moi, l’une des meilleures émissions politiques que l’on peut trouver dans notre « paysage audiovisuel ». En effet, cette émission porte un regard critique – bien nécessaire ! – sur la politique et les politiques, mais aussi – ce qui est plus rare – sur les médias et sur la manière dont les médias traitent de la politique. C’est passionnant.
L’autre émission qui m’est chère a été diffusée pour la dernière fois sur France Inter ce samedi 25 juin. Elle existait depuis seize ans et s’appelait, puisqu’il faut en parler à l’imparfait, « La prochaine fois, je vous le chanterai ». J’aimais beaucoup ce rendez-vous avec la chanson française que nous proposait, chaque samedi entre 12 h et 13 h, Philippe Meyer. On peut aimer ou non Philippe Meyer. J’ai aimé son émission, d’abord, parce qu’elle était construite sur un rituel qui, invariablement, nous conduisait à la « chanson-on », au « son moelleux de l’orchestre de contrebasses » introduisant la séquence « À deux c’est mieux » suivie de la surprenante « tocade ». On peut récuser les rituels. Mais, en l’espèce, il y avait là une succession de petites musiques et de belles paroles que nous aimions entendre et retrouver. Les rites aident à vivre.
Mais surtout, durant seize ans, cette émission a été mille fois l’occasion de découvrir la chanson française, indissociable, bien sûr, de la poésie. Textes et mélodies inconnus, méconnus, découverts, retrouvés… Je ne sais qui a dit que la chanson était un art mineur. Il a eu tort de le dire. Comme les rites, les chansons aident à vivre. Trenet, qui savait user de l’indicatif, a écrit que « longtemps après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues. »
Puissent ceux à qui le « créneau » du samedi, de 12 h à 13 h, sera confié en septembre, faire aussi bien au service de la culture.
Jean-Pierre Sueur

Edgard Pisani était venu nous soutenir, mes amis et moi, à Orléans. Il avait un fort caractère, un grand talent, une capacité de travail illimitée et de solides convictions. Résistant, il fut un gaulliste de la première heure. Il fut un grand ministre de l’agriculture et qui voyait loin – comme en témoigne son livre intitulé Utopie foncière. Envoyé en Nouvelle-Calédonie, il fit face à une situation difficile en posant les bases d’un accord qui apparaissait alors impossible. Ami de Michel Rocard, il devint, pour reprendre le titre d’un autre de ses livres, « socialiste de raison. » Il aura marqué ses interlocuteurs par son indépendance d’esprit. Les nombreux livres qu’il nous laisse sont actuels : ils aideront, en ces temps troublés, à repenser la politique en revenant à l’essentiel.