Yves Carreau nous a quittés le 27 novembre 2014. Il avait été durant plus de trente ans enseignant à l’école des Beaux-Arts d’Orléans. Dessinateur, graveur, il s’est voué à l’art, construisant, avec intégrité, ascèse, concentration, une œuvre considérable.
Je tenais à signaler ici l’exposition de ses gravures que l’on peut voir présentement à la galerie Cat Berro, 25 rue Guénégaud à Paris, et où l’on peut, notamment, découvrir les quatre œuvres ci-dessous.
Je tiens aussi à signaler le très beau livre, La table au noir, qui lui est consacré et qui vient de paraître. Ce livre, réalisé notamment par Sébastien Pons, propose une redécouverte de l’œuvre et du travail d’Yves Carreau à partir de la description méthodique et éclairée de son atelier tel qu’il était le jour de son départ.
Il commence par cette phrase : « Aujourd’hui, l’atelier est désert, mais demeure perceptible la silencieuse présence de l’artiste. »
On y lit un texte très fort de Claude Mouchard, intitulé « Nuit féconde », dont je retiens ces deux passages :
« Dans cet "espace du dedans" qui fut et qu’est l’atelier, c’est la fureur lente de l’artiste qu’on croit sentir aujourd’hui encore : une obstination quotidienne plantée au cœur du temps du monde. »
« Sans doute la lumière du dehors n’entre-t-elle qu’à peine dans la nuit enclose de cet "espace du dedans". Mais des ampoules y brûlent à volonté disposées selon les lieux des différentes opérations pratiquées par l’artisan artiste. C’est là que ce sera réengendré, jour après jour, le temps indomptable du travail : il aura pu passer sans rupture de l’obscurité de l’atelier à ces "dedans" autonomes, multiples et énigmatiquement vivants, que constituent les œuvres. »
Ce livre contient aussi des écrits d’Yves Carreau. On y lit ainsi sous sa plume : « Dessiner est une œuvre de méditation, d’ascèse où il est question d’élévation, de dépassement dans un face à face avec soi. »
Un avant-dernier mot : la « table au noir » est le « nom donné à la pierre sur laquelle le graveur prépare l’encre d’impression avec des spatules, des tampons et des rouleaux. »
Un dernier mot : merci à Joëlle Labiche de tout ce qu’elle accomplit pour faire connaître l’œuvre d’Yves Carreau et poursuivre l’aventure de « La Cage de l’Ombre forte ».
Jean-Pierre Sueur
>> Cet ouvrage, La table au noir, est en vente au Musée des Beaux-arts d’Orléans et à la librairie des Temps modernes.