Ou
Quand les plus grands opposants à la première ligne inaugurent la seconde
Il arrive que l’on perde les élections… parce qu’on a raison ! Et puis les faits, les réalités s’imposent et sont reconnus par chacun… avec un peu de retard !
J’ai vécu cela lors d’une élection législative en 1998. Mes amis, collègues et moi l’avons vécu lors des élections municipales de 2001.
Nos opposants n’avaient pas, alors, de mots trop durs contre le tramway. Pour eux, la ville n’était pas adaptée à ce choix, ni l’agglomération. C’était une erreur qu’ils ne renouvelleraient pas – c’était sûr ! – si les scrutins leur étaient favorables.
Et puis voilà que ce 29 juin 2012, les plus farouches opposants à la première ligne… ont inauguré la seconde.
Voilà que, eux, qui avaient tant dit et redit que notre projet coûtait trop cher, inaugurent une seconde ligne qui coûte, au kilomètre, le double de la première…
Qu’on en juge.
La première ligne a coûté 19 millions d’euros (actualisés) au kilomètre.
La seconde aura coûté 39 millions d’euros au kilomètre.
La première fut la moins chère de France.
La seconde est (après Nice), la plus chère de France.
Le budget de la première ligne fut strictement conforme aux prévisions : aucun dépassement.
Pour la seconde ligne, les dépassements ont été considérables par rapport aux prévisions.
Le coût de la seconde ligne résulte en partie du temps (et de la subvention) perdus lorsque nos successeurs ont cherché pendant quatre ans à « imposer » un autre mode de transport. Avant de se rendre à l’évidence, suite – en particulier – à une forte mobilisation des usagers, des citoyens et des associations.
Temps perdu, argent perdu…pour en revenir finalement au « réseau » fait de deux lignes qui avait été adopté par le conseil de l’agglomération… en 1995.
Il y aurait beaucoup à dire et à écrire sur tout cela.
J’en tire une leçon.
Promouvoir des projets d’avenir est toujours difficile. Je l’ai vu et connu pour le tramway, comme pour la médiathèque, le Zénith, le pont de l’Europe, l’extension du théâtre d’Orléans, le centre de conférences… et bien d’autres réalisations.
Perdre des élections parce qu’on a – avec d’autres – projeté une ville et une agglomération dans l’avenir suscite de grandes déceptions.
Comment le nier ?
Mais avec le temps… on se dit que finalement, les bonnes idées, les idées d’avenir finissent par l’emporter. Et que lorsqu’on a la chance d’exercer des responsabilités – dans une ville, une agglomération ou à un autre niveau -, il est toujours préférable de prendre le beau risque de préparer l’avenir, quelles que soient les difficultés, plutôt que de suivre les conformismes ambiants.
C’est, en résumé, ce que nous avons dit le lundi 25 juin, lors d’une conférence de presse, au Lutétia, à deux pas des rails de de la seconde ligne, avec mes amis : Jean-Pierre Lapaire, qui a tant œuvré pour nous convaincre de la justesse du choix du tramway et qui a tout autant œuvré pour le mettre en œuvre, Christophe Chaillou, maire de Saint-Jean de la Ruelle, David Thiberge, maire de Saint-Jean de Braye, Pierre Ody, maire de Semoy, Jean-Vincent Valliès, maire de Chécy et Christian Dumas, maire d’Ingré, qui ont dit – chacun à leur manière – combien ils étaient fiers d’avoir soutenu la première et la seconde ligne, et d’avoir ainsi adopté, du début à la fin, une attitude totalement cohérente, cependant que Michel Brard comparait le travail accompli pour l’accessibilité du tram lors de la construction de la première ligne… et de la deuxième ligne (pour laquelle, faute d’une concertation suffisante, de réels problèmes subsistent, ainsi que l’ont dit plusieurs associations).
Un dernier mot. Lors de l’inauguration du 29 juin, Serge Grouard, maire d’Orléans, a reconnu que « nous avions eu raison » de faire la première ligne et donc de choisir le tram pour Orléans et son agglomération. Je tiens à signaler sa déclaration courte, mais claire et d’une forte signification, que chacun et chacune, dans le public, a reçue « cinq sur cinq ». D’autres orateurs évitèrent soigneusement de dire… la simple vérité !
Jean-Pierre Sueur
Lire
Dans la presse, avant et après l'inauguration :
.