Michel Silvestre est adjoint au maire de Tavers. Il aime cette commune qui borde la Loire, il a été mon étudiant, il y a quelque temps, à l’université d’Orléans, un étudiant brillant, autant attaché à la langue française qu’à la littérature.
Il nous offre aujourd’hui un livre qui propose seize nouvelles ou tableaux restituant la vie des habitants d’hier, encore si proches cependant, « de la Loire à la Beauce » (c’est le sous-titre du livre) en « Eclats de vie » (c’est le titre) qui sont autant de témoignages si bien écrits qu’ils ont valu à l’auteur le « prix du manuscrit 2013 Beauce et Dunois », et que, prix ou pas, cette qualité d’écriture s’impose et nous touche, tant on lit aujourd’hui de livre mal écrits. J’y reviendrai, après avoir ajouté que ce livre est publié aux éditions Ella (42 route de Chevannes, 28300 Lèves).
Cela commence à Tavers, ce beau village qui, même s’il s’est bien développé avec sa zone d’activité, est connu pour ses magiques eaux bleues, ses fontenils, son dolmen – la « Pierre tournante ». C’est là que Michel Silvestre situe des histoires gaies, féériques, parfois nostalgiques, que je vous laisse découvrir, avec une mention toute particulière pour la « fée Houlippe », histoire d’un vieil homme subjugué par l’apparition d’une jeune beauté, ce que personne ne veut croire au village, même s’il demeure après sa mort, au lieu même de cette troublante rencontre, un « clos Houlippe » étrangement fécond où le soleil a rendez-vous avec la vigne.
Plus sombres sont les histoires de la Beauce, pudiques, émouvantes, souvent tragiques.
Je terminerai en revenant sur l’écriture probe et soignée du livre. Ces vertus sont un hommage à l’Education nationale et à l’enseignement public auxquels je sais Michel Silvestre très attaché.
Je vous en livre deux témoignages.
Le premier nous rappelle ces lectures et dictées qui nous ont appris à lire et à écrire : « Il lui parlait de l’élégante aigrette garzette, du busard des roseaux d’envergure respectable et au vol pourtant léger, du butor étoilé plus lent et plus lourd, mais qui sait si bien se dissimuler dans les roselières ou du petit martin-pêcheur, timide malgré ses vives couleurs » (p. 76).
Le second évoque la Beauce : « Cette Beauce qui paraît si désespérante, âpre et languide, dure et douce, cette Beauce féconde qui gémit sous la caresse, qui s’ouvre à la semence et produit généreusement, cette Beauce-là ne se livre que par amour. Elle se refuse à ceux qui passent, indifférents, elle n’est pas aguicheuse, elle se mérite » (p. 138).
Jean-Pierre Sueur
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