Ayant été invité à m’exprimer sur le départ de Christiane Taubira par nombre de médias le 27 janvier dernier (voir ci-dessous), il suffisait que Christiane Taubira annonce la moindre mesure, quand bien même elle était d’une particulière sévérité, pour que nombre de représentants de la droite s’écrient aussitôt : « laxisme ! » Le laxisme supposé était devenu une ritournelle, une manière d’accréditer un mensonge sans que l’on se donne le temps d’étudier ou d’analyser les mesures annoncées ou préconisées, ni la réalité de la politique menée. Cela devait aller de soi, allait sans dire. Le mensonge était devenu une vérité d’évidence.
Or, les chiffres sont là.
Le nombre d’incarcérations (66 270) a été plus élevé en 2015, avec Christiane Taubira, qu’en 2012 (64 787) avec Nicolas Sarkozy.
Le nombre de permissions accordées aux détenus (48 481) a été moins élevé en 2015, avec Christiane Taubira, qu’en 2012 (57 629), avec Nicolas Sarkozy.
Le nombre d’évasions liées aux permissions (225) a été moins élevé en 2015, avec Christiane Taubira, qu’en 2012 (339), avec Nicolas Sarkozy.
Le nombre de condamnations (610 000) a été plus élevé en 2015, avec Christiane Taubira, qu’en 2012 (604 000), avec Nicolas Sarkozy.
Christiane Taubira a créé 5 100 postes au sein du ministère de la Justice. Ce qui est, certes, encore insuffisant, mais Nicolas Sarkozy en avait supprimé le double… Elle aura créé plus de postes qu’aucun Garde des Sceaux depuis vingt ans.
Elle a créé 6 000 places de prison.
Elle a davantage subventionné les associations d’aide aux victimes qu’aucun autre Garde des Sceaux.
Et je ne reviens pas sur la politique pénale ou des réformes de la Justice sur lesquelles je m’exprime longuement dans les textes et déclarations reproduits ci-dessous.
Alors, qui est laxiste ?
En tout cas, les faits sont limpides. Ils montrent que nombre d’accusations n’avaient, en réalité, aucun fondement.
Ce qui renvoie à une autre question qui me paraît essentielle pour la qualité et la crédibilité du débat public et finalement pour la démocratie : comment peut-on laisser se creuser un tel fossé entre les faits et les représentations qui en sont faites ?
Jean-Pierre Sueur
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